🌝 Une Etoile De Plus Dans Le Ciel Poeme

Historienset thĂ©ologiens ont dĂ©jĂ  signalĂ© l’importance de la production poĂ©tique de Jean Gerson et de son poĂšme Ă©pique la Josephina (1414-1417) en particulier. La discussion Ă  ce sujet a Ă©tĂ© souvent tiraillĂ©e entre la volontĂ© de voir chez Gerson tantĂŽt un reprĂ©sentant du mysticisme mĂ©diĂ©val, tantĂŽt un proto-humaniste. Cet article s’intĂ©resse Ă  un autre aspect LacathĂ©drale gothique Saint-Lazare d’Autun fĂȘte ces 900 ans, l’occasion de rĂ©unir une trinitĂ© d’artistes dans un triptyque dix-neuviĂ©miste. Ce programme est dirigĂ© par Debora Waldman, cheffe israĂ©lo-brĂ©silienne, qui a Ă©tĂ© assistante de Kurt Masur Ă  l'Orchestre National de France de 2006 Ă  2009, puis nommĂ©e directrice musicale de l'Orchestre RĂ©gional Avignon Sifflait; sur le verglas, dans des lieux inconnus, On n'avait pas de pain et l'on allait pieds nus. Ce n'Ă©taient plus des cƓurs vivants, des gens de guerre : C'Ă©tait un rĂȘve errant dans la brume, un mystĂšre, Une procession d'ombres sous le ciel noir. La solitude vaste, Ă©pouvantable Ă  voir, Partout apparaissait, muette vengeresse. leciel n'a jamais Ă©tĂ© aussi beau qu'il n'est aujourd'hui une nouvelle Ă©toile lĂ -haut comme un soleil en pleine nuit. un nouvel ange est montĂ© pourquoi m'as tu laissĂ©e ? tu veilles sur Hommageaux victimes des attentats. Une Ă©toile de plus dans le ciel. Nath. C’est avec un profond dĂ©sarroi, mĂȘlĂ© de colĂšre, de dĂ©gout, de tristesse, et une impression d’horreur, quasi irrĂ©elle, que nous avons vĂ©cu les Ă©vĂ©nements du 13 novembre dernier. Cela nous touche plus particuliĂšrement quand on est du monde du spectacle Limage d'une bande brillante dans le ciel français a Ă©tonnĂ© de nombreux internautes. Certains Ă©voquent des "Ă©toiles filantes" quand d'autres s'inquiĂštent de Dansle ciel de la RĂ©union tout bleu ĂŽ Roi des mers ta couleur nous illumine Ton Plumage blanc comme la Neige nous Ă©blouit Ton chant Ă©tincelant raisonne tel une musique ïŹne ĂŽ UneĂ©toile en plus dans le ciel 3 participants. Auteur Message; Gali Admin. Nombre de messages: 360 Localisation: Havange - Entrange - Manom - Lux Date 280j'aime, 35 commentaires. VidĂ©o TikTok de alice.77680 (@alice.77680) : « une merveilleuse petite Ă©toile de plus dans le te protĂšge ma puce. #triste 😭😭 ». que zj0YVn. Les grandsclassiques PoĂ©sie Française 1 er site français de poĂ©sie Les Grands classiques Tous les auteurs Victor HUGO Un soir que je regardais le ciel Un soir que je regardais le ciel Elle me dit, un soir, en souriant - Ami, pourquoi contemplez-vous sans cesseLe jour qui fuit, ou l'ombre qui s'abaisse,Ou l'astre d'or qui monte Ă  l'orient ?Que font vos yeux lĂ -haut ? je les le ciel; regardez dans mon Ăąme !Dans ce ciel vaste, ombre oĂč vous vous plaisez,OĂč vos regards dĂ©mesurĂ©s vont lire,Qu'apprendrez-vous qui vaille mon sourire ?Qu'apprendras-tu qui vaille nos baisers ?Oh! de mon coeur lĂšve les chastes tu savais comme il est plein d'Ă©toiles !Que de soleils ! vois-tu, quand nous aimons,Tout est en nous un radieux dĂ©vouement, rayonnant sur l'obstacle,Vaut bien VĂ©nus qui brille sur les vaste azur n'est rien, je te l'atteste ;Le ciel que j'ai dans l'Ăąme est plus cĂ©leste !C'est beau de voir un astre s' monde est plein de merveilleuses est l'aurore et douces sont les n'est si doux que le charme d'aimer !La clartĂ© vraie et la meilleure flamme,C'est le rayon qui va de l'Ăąme Ă  l'Ăąme !L'amour vaut mieux, au fond des antres frais,Que ces soleils qu'on ignore et qu'on mit, sachant ce qui convient Ă  l'homme,Le ciel bien loin et la femme tout dit Ă  ceux qui scrutent l'azur sombre "Vivez ! aimez ! le reste, c'est mon ombre !"Aimons ! c'est tout. Et Dieu le veut ton ciel que de froids rayons dorent !Tu trouveras, dans deux yeux qui t'adorent,Plus de beautĂ©, plus de lumiĂšre aussi !Aimer, c'est voir, sentir, rĂȘver, plus grand s'ajoute au coeur plus bien-aimĂ© ! n'entends-tu pas toujoursDans nos transports une harmonie Ă©trange ?Autour de nous la nature se changeEn une lyre et chante nos ! aimons-nous ! errons sur la pelouseNe songe plus au ciel ! j'en suis jalouse ! -Ma bien-aimĂ©e ainsi tout bas parlait,Avec son front posĂ© sur sa main blanche,Et l'oeil rĂȘveur d'un ange qui se penche,Et sa voix grave, et cet air qui me plaĂźt ;Belle et tranquille, et de me voir charmĂ©e,Ainsi tout bas parlait ma coeurs battaient ; l'extase m'Ă©touffait ;Les fleurs du soir entr'ouvraient leurs corolles ...Qu'avez-vous fait, arbres, de nos paroles ?De nos soupirs, rochers, qu'avez-vous fait ?C'est un destin bien triste que le nĂŽtre,Puisqu'un tel jour s'envole comme un autre !O souvenirs ! trĂ©sor dans l'ombre accru !Sombre horizon des anciennes pensĂ©es !ChĂšre lueur des choses Ă©clipsĂ©es !Rayonnement du passĂ© disparu !Comme du seuil et du dehors d'un temple,L'oeil de l'esprit en rĂȘvant vous contemple !Quand les beaux jours font place aux jours amers,De tout bonheur il faut quitter l'idĂ©e ;Quand l'espĂ©rance est tout Ă  fait vidĂ©e,Laissons tomber la coupe au fond des ! l'oubli ! c'est l'onde oĂč tout se noie ;C'est la mer sombre oĂč l'on jette sa joie. HabituĂ©s aux villes dont la nuit a Ă©tĂ© chassĂ©e par les lampadaires et autres enseignes lumineuses, nos yeux ne sont plus habituĂ©s Ă  se repĂ©rer dans le ciel, ni mĂȘme Ă  distinguer les couleurs des Ă©toiles. L’étĂ© les nuits sont courtes, mais chaudes; c’est le moment idĂ©al pour lever les yeux et y remĂ©dier. Voici donc un petit guide sommaire pour repĂ©rer la balise du ciel d’étĂ© le triangle d’étĂ©. Il faut d’abord s’habituer Ă  l’obscuritĂ© pendant environ une demi-heure. Pas de lampe torche ou alors une lampe de lumiĂšre rouge, pas d’écran ie on n’allume pas son smartphone, et ne pas regarder les lampadaires au loin s’il y en a. Attention, la moindre entorse et c’est reparti pour trente minutes. Pendant ce temps, au fur et a mesure que vos yeux s’habituent Ă  l’obscuritĂ©, vous devriez voir de plus en plus d’étoiles dans le ciel, et pour les plus brillantes commencer a distinguer les bleues, les blanches, les rouges
 Triangle d’étĂ© VĂ©ga, Deneb, AltaĂŻr DĂ©sormais il est temps de commencer Ă  se repĂ©rer. L’idĂ©al est d’avoir une carte du ciel sous forme de disque qui tourne en fonction de l’heure et de la date avec une lampe torche rouge si besoin. N’utilisez surtout pas votre smartphone et une application de carte du ciel; Ă  peine l’écran allumĂ© et votre vision nocturne est Ă  recommencer. L’étĂ© est marquĂ© par trois Ă©toiles trĂšs brillantes, qui forment le triangle d’étĂ© Vega, Deneb et AltaĂŻr. Elles sont aisĂ©ment repĂ©rables, mĂȘme en ville. Pour cela il faut se tourner vers le sud et lever les yeux au zĂ©nith. Vega de la Lyre Constellation de la Lyre . Vega est la premiĂšre Ă©toile du triangle, trĂšs simple Ă  trouver il s’agit de l’une Ă©toiles les plus brillantes vue de la Terre. Pour la repĂ©rer, on se positionne vers le sud et on lĂšve la tĂȘte le plus haut possible pour trouver le point le plus brillant dans une direction Ă  peu prĂšs perpendiculaire au sol. Une fois en vue on peut distinguer sa couleur bleue. Vega est l’étoile la plus brillante de la constellation de la Lyre. Cette constellation a Ă©tĂ© nommĂ©e par PtolĂ©mĂ©e au premier siĂšcle, d’aprĂšs l’instrument de musique d’OrphĂ©e, le musicien grec descendu aux enfer rechercher Eurydice sa femme. Parmi les objets remarquables de la constellation de Lyre, il y a une nĂ©buleuse planĂ©taire, appelĂ©e Anneau de la Lyre M57. Vega est une Ă©toile jeune 400-500 millions d’annĂ©e, relativement proche de nous 25 annĂ©es-lumiĂšre, de masse et de rayon double de celui du soleil, mais de luminositĂ© presque quarante fois supĂ©rieure. La tempĂ©rature en surface est comprise entre 7500K et 10000K, ce qui lui donne sa couleur bleue, visible Ă  l’Ɠil nu. On sait aujourd’hui que Vega est accompagnĂ©e d’au moins une exoplanĂšte, et sĂ»rement d’un systĂšme planĂ©taire plus complet. Sa sĂ©quence principale devrait encore durer 500 millions d’annĂ©es avant qu’elle ne devienne une gĂ©ante rouge et n’explose en nĂ©buleuse planĂ©taire. voir l’article sur la vie et mort des Ă©toiles VĂ©ga comparĂ©e au Soleil Deneb du Cygne Constellation du Cygne La constellation du Cygne est l’une des stars de l’étĂ© trĂšs brillante et en forme de croix, elle reprĂ©sente un oiseau et s’étend sur la voie lactĂ©e. En Ă©tant face au sud, on distingue la croix et son Ă©toile la plus brillante, Ă  gauche de VĂ©ga. Deneb est une supergĂ©ante blanche, l’une des plus grosses Ă©toiles connues 20 masses solaire, 110 rayons solaire, 60 000 fois la luminositĂ© du soleil et des vents stellaires 100 000 fois plus puissants. Et tout ça Ă  une distance d’environ 1500 annĂ©es-lumiĂšre. Son nom vient de l’arable pour signifier la “queue” du cygne. A l’opposĂ©, Ă  la tĂȘte du signe se trouve l’étoile double AlbirĂ©o. L’étoile au centre du Cygne s’appelle Sadr. La constellation du Cygne s’étend sur la voie lactĂ©e. C’est donc une rĂ©gion trĂšs riche en Ă©toiles. On y trouve de nombreux amas, et plusieurs nĂ©buleuses remarquables. La nĂ©buleuse du croissant NGC 6888 au centre de la constellation. Les dentelles du cygne, un rĂ©manent d’une supernova ayant explosĂ© il y a dix mille ans. Si nos yeux Ă©taient capable de le voir, il ferait 5 fois la taille de la pleine lune dans le ciel. La petite dentelle NGC 6960 en est une partie, autour de l’étoile 52 Cygni visible Ă  l’Ɠil nu. AltaĂŻr de l’Aigle Constellation de l’Aigle AltaĂŻr se situe plus bas dans le ciel, Ă  mi chemin entre VĂ©ga et l’horizon. Son nom vient de l’arable signifiant l’aigle en vol. C’est une Ă©toile de deux masses solaires, mais dix fois plus lumineuse, situĂ©e Ă  “seulement” 15 annĂ©es-lumiĂšre. Selon la mythologie grecque, elle reprĂ©sente l’aigle du Caucase qui, chaque jour, vient grignoter le cƓur de PromĂ©thĂ©e, son supplice pour avoir donnĂ© le feu aux hommes. C’est a proximitĂ© de la constellation de l’Aigle, dans la constellation voisine du Serpent, que l’on trouve la nĂ©buleuse de l’Aigle M16, immortalisĂ©e par Hubble et ses fameux piliers de la crĂ©ation. Il est simple, Ă  partir d’une carte du ciel et de ces trois Ă©toiles, de repĂ©rer les autres constellations. Par exemple, au milieu du triangle se trouve la constellation du petit renard, qui contient notamment la premiĂšre nĂ©buleuse planĂ©taire Ă  avoir Ă©tĂ© observĂ©e la nĂ©buleuse De notre lit,la nuit ,,j'ai une vue exceptionnelle sur une immense partie du ciel;C'est un pur bonheur, l'Ă©tĂ© en particulier,d'admirer les astres!Je ne connais pas grand chose a l'astrologie, mais je suis Ă©merveillĂ©e de la beautĂ© de nos cieux,ici en Provence,ou les nuits sont Ă©toilĂ©es lumineuses,et magnifiques! RĂ©sumĂ©s Dans l’Ɠuvre du poĂšte Claude Hopil, deux conceptions cosmologiques, quoique opposĂ©es, jouent un rĂŽle complĂ©mentaire. La contemplation chrĂ©tienne est reprĂ©sentĂ©e comme un voyage mĂ©taphorique de l’ñme depuis la Terre jusqu’à l’EmpyrĂ©e, au sein d’un cosmos clos, tandis que l’univers infini, ou plutĂŽt les espaces imaginaires, suggĂšrent l’immensitĂ© insondable de Dieu, plus grand que dix mille mondes. Ainsi, ces deux modĂšles soulignent la transcendance de Dieu relativement Ă  toute crĂ©ature, qu’il s’agisse de celles du cosmos comme de celles de l’hypercosmos ; pourtant, loin de manifester une abstraction incompatible avec la thĂ©ologie de la RĂ©forme catholique, Hopil place comme mĂ©diateur entre les crĂ©atures et l’infini divin le verbe divin, seul vĂ©ritable lien entre le monde pĂ©rissable et les rĂ©alitĂ©s Ă©ternelles. In Claude Hopil’s works, two opposed conceptions of the cosmos have a complementary function. Christian contemplation is symbolised by the voyage of the soul from the Earth to the Empyrean, in a closed universe. In the same time, the infinite universe and more precisely the imaginary spaces suggest the unfathomable immensity of God, greater than ten thousand worlds. As a consequence, these two cosmological models underline the divine transcendance in relation to all creatures, both those of the cosmos and those of the hypercosmos. Nevertheless, far from manifesting an excessive abstraction incompatible with the theology of the Catholic Reformation, Hopil puts the verb as a mediator between Creatures and the divine infinite, as a link between the perishable world and eternal de page EntrĂ©es d'index Mots-clĂ©s analogie, apocalypse, Cantique des Cantiques, contemplation, EmpyrĂ©e, espaces imaginaires, lumiĂšre thĂ©ologie et symbolique, mĂ©taphore, mystique, poĂ©sie, RĂ©forme catholique, SacrĂ©-CƓur, soleil analogie du, TrinitĂ©, univers infini, verbe, voyage de l’ñme Keywords analogy, apocalypse, Song of songs, contemplation, Empyrean, imaginary spaces, light theology and symbolism, metaphor, mysticism, poetry, Catholic reform, Sacred Heart, sun analogy of, Trinity, infinite universe, verb, journey of the soulHaut de page Texte intĂ©gral 1 Lire notamment sur le poĂšte liste non exhaustive, limitĂ©e aux ouvrages post 1990 Anne Mantero, ... 2 Voir l’annexe pour la liste des Ɠuvres de l’auteur et les abrĂ©viations utilisĂ©es pour les dĂ©signer. 3 Sur la question complexe des sources, lire la prĂ©cieuse introduction de Guillaume peyroche d’Arnaud... 4 DES, cant. 11, p. 96. 1À l’ñge de la RĂ©forme catholique, l’Ɠuvre de Claude Hopil brille d’un Ă©clat singulier et comme obscur. Écrite par un laĂŻc issu de la bourgeoisie parisienne, et passĂ©e inaperçue en son temps, elle a vu son importance et sa singularitĂ© rĂ©vĂ©lĂ©es par Jean Rousset, et depuis par d’autres critiques et Ă©diteurs1. ComposĂ©e de neufs volumes2 dont la parution s’étend de 1603 Ă  1633, elle comporte des mĂ©ditations en prose et en vers sur l’Écriture et les mystĂšres chrĂ©tiens, nourries par l’Écriture, la thĂ©ologie et la mystique3, et toutes habitĂ©es par la quĂȘte inlassable du Soleil cachĂ©4 » qu’est le Dieu transcendant. Ce travail propose d’étudier le rĂŽle que les reprĂ©sentations cosmologiques tiennent dans cette quĂȘte poĂ©tique du divin. A priori, Claude Hopil expose des conceptions fort traditionnelles, en dĂ©peignant un monde clos et gĂ©ocentrique. Pourtant, d’autres images rĂ©currentes Ă©voquent la pluralitĂ© des mondes, l’hĂ©liocentrisme, et partant les deux points centraux de discorde entre la doxa reçue du passĂ© et la nouvelle astronomie. Cet Ă©tat de fait doit ĂȘtre interprĂ©tĂ© de maniĂšre prudente. En effet, ces dissonances restent marginales, sans qu’on puisse nier leur existence. Il convient donc de comprendre pourquoi, fondamentalement, l’écho de thĂ©ories astronomiques et cosmologiques plus audacieuses est mobilisĂ© en contrepoint du cosmos fini. Nous formulons l’hypothĂšse suivante la fonction des conceptions issues de la cosmologie traditionnelle diffĂšre de celle d’idĂ©es en apparence plus modernes. Le cosmos traditionnel dĂ©signe pour Hopil le monde visible avec ses sphĂšres, tandis que l’image des mondes infinis et pluriels ne s’applique au sens mĂ©taphorique qu’à Dieu lui-mĂȘme, pour suggĂ©rer son immensitĂ©. La poĂ©sie et la prose d’Hopil traversent ainsi le cosmos visible comme invisible, en quĂȘte de la TrinitĂ©. I. Le cosmos clos, lieu de l’envol de l’ñme 2À chaque fois qu’Hopil Ă©voque le monde créé, il renvoie Ă  la reprĂ©sentation traditionnelle du cosmos clos opposant la Terre Ă  l’EmpyrĂ©e, ce qui lui permet de suggĂ©rer le dynamisme irrĂ©sistible de l’ascension de l’ñme vers Dieu. Le monde visible 5 DES, p. 179 machine ronde » ; DES, p. 284 maison en voĂ»te. 6 ME, p. 45. 7 PO, p. 238. 8 DES, p. 257-258. 9 Gaston Bachelard, La formation de l’esprit scientifique, Paris, Vrin, 1977. 10 OC, fol. 49b. 3Les Ă©lĂ©ments de la cosmologie traditionnelle s’égrĂšnent en effet au fil des Ɠuvres de l’écrivain. Outre la clĂŽture du cosmos, Ă©voquĂ©e par la mĂ©taphore rĂ©currente de la machine ronde » ou de la maison en voĂ»te », il est aisĂ© d’en glaner les constituantes au fil des pages5 la Terre et les sphĂšres Ă©lĂ©mentaires superposĂ©es, les sphĂšres cĂ©lestes guidĂ©es par des intelligences angĂ©liques6, la sphĂšre des Ă©toiles fixes ou firmament7, le ciel cristallin8 et l’EmpyrĂ©e. Toutefois, l’exposition de cette cosmologie apparaĂźt de plus en plus parcellaire au fil des Ɠuvres successives ; si les ƒuvres chrĂ©tiennes de 1603 et 1604 comportent des poĂšmes spĂ©cialement dĂ©diĂ©s Ă  la mĂ©ditation du cosmos, ce n’est pas le cas des Ɠuvres de la maturitĂ©. De 1603 Ă  1633 pourtant, la main de Dieu se reconnaĂźt toujours dans un univers rĂ©gi par des principes de beautĂ© et d’harmonie que Bachelard jugerait prĂ©-scientifiques9 ». En ce sens, il convient de signaler chez l’auteur la prĂ©sence de mĂ©taphores englobantes dĂ©signant l’ensemble de la machine du monde, par exemple celle du temple10 ou du luth 11 OC, À son Luth, Ode XX, fol. 146b. Ton dos voultĂ©, ĂŽ luth melodieux,Monstre l’aspect de la voulte des cieuxQui sont remplis de parfaicte harmonie11. 12 Florent Libral, Le Soleil cachĂ©. RhĂ©torique sacrĂ©e et optique au xviie siĂšcle en France, Paris, Cla ... 4Ces dĂ©casyllabes, notamment au moyen de la figure de dĂ©rivation Ă©tymologique voultĂ©/voulte, insistent sur la construction harmonieuse du Tout et l’unitĂ© mystĂ©rieuse qui existe entre l’univers visible et invisible, car la main de Dieu, premier mobile et musicien invisible, fait retentir l’harmonie cĂ©leste. Qu’elle soit entonnĂ©e par les anges plutĂŽt que par les sphĂšres cĂ©lestes comme dans l’AntiquitĂ© est rĂ©vĂ©lateur. Cette Ɠuvre de jeunesse allie donc le legs de la philosophie antique au Dieu crĂ©ateur, dans la lignĂ©e du platonisme chrĂ©tien, fort influent alors. Et de fait, dans les descriptions du monde cĂ©leste, se remarque l’omniprĂ©sence du cercle et de la sphĂšre, signes de la perfection des mouvements cĂ©lestes depuis l’AntiquitĂ©, Ă  l’ñge oĂč Eudoxe, disciple du maĂźtre de l’AcadĂ©mie, demeure l’astronome par excellence dans la littĂ©rature spirituelle12. 13 Luis de la Puente, La Guide spirituelle, III, 4, Paris, Vve G. de La NouĂ« et D. de La NouĂ«, 1612 ; ... 14 PO, p. 167 Ă©chelle des crĂ©atures. 15 DĂ©glise, Au vol de la plume, p. 108. 5Ainsi, du tableau du monde, Ă  travers des emprunts Ă  la dĂ©marche de la thĂ©ologie symbolique, si importante chez Luis de la Puente ou Bellarmin13, on monte progressivement Ă  l’idĂ©e d’une Providence et d’un CrĂ©ateur. En ce sens joue l’échelle de Jacob, image de la mĂ©ditation du créé14. Toutefois, cette ascension per scalas creaturarum est, lĂ  aussi, un trait caractĂ©ristique des premiĂšres Ɠuvres. Bien plus dĂ©cisif dans les Divins eslancemens et les Ɠuvres successives est le motif de l’empreinte trinitaire prĂ©sente dans le créé, conforme au De Trinitate de saint Augustin15 16 DES, cant. 80, str. 3, p. 284. Les brillants ChĂ©rubins lui servent de scabelle,En trois doigts il soutientTout ce grand Univers, que son ombre on appelle16. 17 PO, p. 238. 6Une image synthĂ©tique rĂ©sume en ces vers la vertu crĂ©atrice de la TrinitĂ©. En somme, le monde d’Hopil est tissu de signes appelant Ă  traverser les apparences. MĂȘme si les astres et le firmament chantent la gloire divine17, le cosmos ne suffit pas et n’a de sens qu’en dehors d’une rĂ©alitĂ© invisible dont il est le premier Ă©chelon. Hypercosmos anatomie des Cieux 18 DE, p. 446. 19 Ap 21, 1 ; DE, p. 445 ; DES, p. 11 ; cf. DES, p. 116. 20 Ap 22, 1 ; DES, p. 71 ; DE, p. 121 ; p. 447. 21 Ces eaux supĂ©rieures sont d’ailleurs diversement interprĂ©tĂ©es par Hopil, tantĂŽt comme le ciel crist ... 22 DE, p. 419. 23 OC, fol. 38b. DES, p. 290. 7PĂ©nĂ©trons donc avec Hopil dans l’hypercosmos qui s’étend au-delĂ  du Firmament, celui qu’il appelle un plus bel univers18 ». Une imagerie Ă©clectique est empruntĂ©e Ă  l’Écriture comme Ă  la thĂ©ologie afin de le dĂ©peindre. En premier lieu, cet espace est l’objet d’une approche en quelque sorte paysagĂšre, empruntĂ©e notamment Ă  l’Apocalypse et Ă  l’Ancien Testament. Le dernier livre de la Bible fournit en effet l’image rĂ©currente de la terre nouvelle19 » oĂč siĂšge l’Agneau. Hopil Ă©voque les plaines et les montagnes de ce nouveau monde parfois identifiĂ©es aux saints, tandis que le fleuve semblable au cristal qui coule du trĂŽne de l’Agneau baigne ces contrĂ©es20. L’élĂ©ment aquatique n’est donc pas absent, ce que confirment les rĂ©fĂ©rences nombreuses aux eaux super-cĂ©lestes Ă©voquĂ©es dans le livre de la GenĂšse 1, 721. Le paradis terrestre mais aussi cĂ©leste devient aussi jardin dans les Ɠuvres qui glosent sur le Cantique des Cantiques22, ou encore JĂ©rusalem cĂ©leste et temple cĂ©leste23. 24 LĂ©onard Lessius, De Summo bono et aeterna beatitudine, Anvers, ex Officina Platiniana, 1616 ; Athan ... 25 Luis de la Puente, Guide spirituelle, p. 376 de la contemplation de Dieu Ăšs plus hautes Ɠuvres ... 26 On trouve pourtant dĂšs 1603 la pĂ©riphrase voulte flambante » qui pourrait y faire rĂ©fĂ©rence OM, ... 27 DV, p. 148 EmpyrĂ©e comme flamme amoureuse ; DE, p. 455 EmpyrĂ©e de l’amour, feu et dilection. 28 Nous renvoyons Ă  l’article d’Isabel Irribaren dans ce mĂȘme numĂ©ro. 29 Chambre de l’épouse DE, p. 289 ; 3e Ciel DES, p. 201. 30 DES, p. 195. 31 DES, p. 134. 32 DES, p. 151. 33 Lessius, De Summo bono, p. 527 
existimo, fore ibi aliquod corpus spirabile instar aĂ«r, et aur ... 8Toutefois, l’image dominante est celle de l’EmpyrĂ©e. Ce ciel ignĂ© est cher aux thĂ©ologiens du Moyen Âge chrĂ©tien et de la Contre-RĂ©forme comme LĂ©onard Lessius et Athanase Kircher24, mais il trouve aussi sa place dans les traitĂ©s contemplatifs comme celui de Luis de la Puente25. Peu prĂ©sent dans les premiĂšres Ɠuvres du poĂšte26, Ă  partir des MĂ©ditations sur le Cantique, des mentions trĂšs nombreuses le surexposent par petites touches concordantes. Le motif de l’EmpyrĂ©e associe Ă©troitement la prĂ©sence du divin au feu de l’amour et Ă  la lumiĂšre de la connaissance27. Pour raccorder aux sources bibliques ce ciel de feu, Ă©laboration thĂ©ologique sans rĂ©el soutien scripturaire28, Hopil l’identifie Ă  la chambre de l’Époux du Cantique, ou encore au troisiĂšme Ciel oĂč fut ravi l’Avorton de Dieu29. Il en dĂ©taille parfois une gĂ©ographique symbolique ce ciel a un centre ou un orient la prĂ©sence divine assimilĂ©e au soleil levant30, une partie mĂ©ridionale le siĂšge des SĂ©raphins, les plus brĂ»lants des anges31, les deux directions Ă©tant parfois confondues32. Pour dĂ©peindre ce lieu, outre sa lecture de la Bible, Hopil Ă©voque parfois des Ă©lĂ©ments d’érudition thĂ©ologique par exemple, le fait qu’il existe dans l’EmpyrĂ©e un air trĂšs subtil, Ă©lĂ©ment sans doute directement empruntĂ© Ă  des traitĂ©s comme celui de LĂ©onard Lessius33. 34 DES, p. 258. 35 DV, p. 106 Vierge. 36 DES, p. 227-228. 37 DV, p. 112 trĂŽne divin bordĂ© de nuages ; OC, fol. 25b trĂŽne dorĂ©, sans nuages ; DV, p. 127 TrĂŽ ... 38 DES, p. 111 Dieu dans le char divin Ez 1, 4 ; 1, 29. 9Ce lieu, dĂ©crit avec peu de dĂ©tails, est donc surtout un théùtre pour ses occupants, les Ăąmes bienheureuses et les hiĂ©rarchies angĂ©liques, dont la triade supĂ©rieure en particulier est Ă©voquĂ©e avec la plus grande constance, en un nouvel Ă©cho trinitaire SĂ©raphins, ChĂ©rubins et TrĂŽnes. Leur reprĂ©sentation renvoie Ă©galement aux images de l’Écriture tous les Anges chantent le trisagion ou encore volent autour du Saint des Saints du Temple cĂ©leste34. Par-dessus toutes les hiĂ©rarchies cĂ©lestes trĂŽnent la Vierge couronnĂ©e et le verbe incarnĂ©35. La prĂ©sence divine proprement dite Ă©clate dans un lieu diversement nommĂ© le Sancta sanctorum36, mais plus gĂ©nĂ©ralement, d’aprĂšs la vision de l’Apocalypse, le trĂŽne divin, alternativement reprĂ©sentĂ© comme dorĂ© ou nimbĂ© de brume37, et parfois supplantĂ© par l’image du chariot divin sans doute celui de la vision d’ÉzĂ©chiel38. C’est lĂ  que se rĂ©vĂšle la divinitĂ©, nimbĂ©e du brouillas » dionysien, mais essentiellement lumineuse, et dĂ©crite alternativement comme soleil invisible et cachĂ©, soleil du soleil, soleil trin et un
 Son analogue principal reste donc dans la lignĂ©e de l’oxymore paulinien de la lumiĂšre inaccessible I Tim 6, 16, mĂȘlĂ© sans doute au souvenir du soleil augustinien des esprits, source de la mĂ©taphysique de la LumiĂšre en Occident. Ascensions cĂ©lestes et voyage de l’ñme dans le cosmos 39 Claude Carozzi, Le Voyage de l’ñme dans l’au-delĂ  d’aprĂšs la littĂ©rature latine ve-xiiie siĂšcle, ... 40 Dans la vie de Catherine de Sienne par Raymond de Capoue trad. J. Blancone, Lyon, 1615, la contem ... 41 DE p. 454 le Paradis est aimer Dieu. DV, p. 110 JĂ©sus est le Paradis. 42 Jean Delumeau, Une histoire du Paradis, t. III Que reste-t-il du Paradis ?, Paris, Fayard, 2000, ... 43 Francisco de Ribera Ă©d., Les ƒuvres spirituelles de la Mere Terese de Jesus, Paris, Denis Moreau, ... 10DĂ©laissant les couleurs sombres de la lyrique baroque d’un Chassignet ou d’un Sponde, Hopil chante donc la beautĂ© de la voĂ»te cĂ©leste, tout autant que la lux perpetua plus belle encore qui rĂšgne dans l’EmpyrĂ©e. Dans ce cosmos oĂč une hiĂ©rarchie sans solution de continuitĂ© semble relier le monde cĂ©leste et le monde spirituel, le croyant est conviĂ© Ă  accomplir le voyage de l’ñme, selon un motif bien documentĂ© pour le Moyen Âge chrĂ©tien39. Pourtant, Hopil, faisant Ă©cho Ă  la prudence de saint Paul 2 Co 12, 2, met en garde le lecteur qui serait trop enclin Ă  croire Ă  la rĂ©alitĂ© effective de ce transport. PoĂšmes et traitĂ©s rappellent en permanence que le Paradis, en cette vie, gĂźt avant tout en l’ñme humaine, et qu’il dĂ©signe la contemplation parfaite40. Ainsi le terme de Paradis » est glosĂ© diffĂ©remment par le poĂšte en fonction des contextes, pour dĂ©signer le fait d’aimer Dieu, JĂ©sus lui-mĂȘme, ou encore l’ñme inondĂ©e par la grĂące41. Dans cette premiĂšre modernitĂ© oĂč, selon Jean Delumeau, la reprĂ©sentation du voyage de l’ñme a tendance Ă  fortement s’estomper aprĂšs son succĂšs mĂ©diĂ©val42, on pourrait croire Hopil retardataire mais chez lui le vol de l’ñme est comme chez ses prĂ©dĂ©cesseurs immĂ©diats en particulier ThĂ©rĂšse d’Ávila, Puente et François de Sales43 purement mĂ©taphorique. Il s’agit d’inviter Ă  gravir la montagne de la priĂšre vers la source de l’ĂȘtre et de la vie. 44 Le Songe de Scipion, largement diffusĂ© Ă  travers son commentaire, inspire les voyages cĂ©lestes. Voi ... 45 Franz Cumont, Lux perpetua, Turin, Nino Aragno, 2009. 46 OC, fol. 41b image complĂšte de l’ascension air, ciel, cristallin sĂ©jour ; DV, p. 113 ascension ... 11Si le vol de l’ñme est repris dans ses Ă©tapes selon un schĂ©ma qui renvoie sans doute Ă  la fin de l’AntiquitĂ©44 et au monde mĂ©diĂ©val, il est totalement rĂ©interprĂ©tĂ© dans le cadre du christianisme de la RĂ©forme catholique. En apparence, tout semble obĂ©ir Ă  un schĂ©ma archaĂŻque, qui n’a guĂšre variĂ© depuis l’AntiquitĂ©45. L’ñme ravie en extase parcourt les couches successives du cosmos les sphĂšres Ă©lĂ©mentaires, les sphĂšres planĂ©taires Ă©voquĂ©es allusivement, le firmament46. Parmi tant d’autres textes, le Cantique XXXI des Douces Extases exprime ce parcours de maniĂšre synthĂ©tique 47 DV, p. 113. Faisant toujours monter de Ciel en Ciel la vueDe mon dĂ©bile esprit ;Au plus haut de l’extase au sein de JĂ©sus ChristJ’entrevois dans la nueUn Être sur tout ĂȘtre, un acte simple et purEn ce lieu trĂšs obscur47. 48 Voir en part. DES, p. 171, oĂč la progression n’est pas de l’ordre du vol mais de la simple mĂ©ditati ... 49 GrĂ©goire De Nysse, Vie de MoĂŻse II, 162, Ă©d. J. DaniĂ©lou, Paris, Cerf, 2000, Sources chrĂ©tiennes ... 12Un point est ici capital l’ascension extatique est avant tout celle de l’ esprit », et non du corps48 ; en outre, l’extase est ici assimilĂ©e Ă  un SinaĂŻ au sommet duquel se cache Dieu dans la nuĂ©e ou dans la tĂ©nĂšbre, selon l’image de l’Exode transmise notamment Ă  travers la Vie de MoĂŻse de GrĂ©goire de Nysse49. De ce fait, les Ă©lĂ©ments cosmiques que croise l’ñme dans ce vol contemplatif revĂȘtent une valeur plus symbolique que littĂ©rale, par exemple 50 DV, p. 106. Sur un fleuve amoureux la Colombe est portĂ©eDevers le port du CielElle goĂ»te en passant, par la voie lactĂ©eEt la manne et le miel50. 51 DE, p. 445 paradis comme terre de lait, d’eau et de miel. Voir CV, p. 149, oĂč les images du lait ... 52 ME, p. 54 ; DE, p. 334. 53 La plupart des textes d’Hopil ne crĂ©ent pas de solution de continuitĂ© entre le cosmos et l’hypercos ... 13Ces vers semblent contenir une rĂ©fĂ©rence Ă  la Voie lactĂ©e oĂč s’élĂšve Publius Scipion, le paradis paĂŻen du Songe de Scipion, Ɠuvre connue alors Ă  travers le commentaire de Macrobe. Pourtant, la prĂ©sence de la Colombe figure de l’ñme et de l’amour indique une imprĂ©gnation de la mystique nuptiale du Cantique des Cantiques entendu au sens allĂ©gorique, et permet ainsi de voir dans l’adjectif lactĂ© » un jeu de mot sur l’association biblique du lait et du miel, renvoyant Ă  la jouissance de la beautĂ© divine dans la contemplation51. Pareillement, le soleil et la lune, souvent Ă©voquĂ©s dans les voyages cĂ©lestes en extase d’Hopil, reprĂ©sentent l’état de l’ñme, selon la lecture d’un autre cĂ©lĂšbre verset du Cantique pulchra ut luna, electa ut sol elle est de plus en plus lumineuse au fur et Ă  mesure de son ascension, la lune reprĂ©sentant la grĂące et le soleil l’élection52. Dans la suite de ce parcours, par-delĂ  le ciel cristallin, l’ñme continue sa remontĂ©e contemplative en envisageant les hiĂ©rarchies angĂ©liques, et en finissant son pĂ©riple devant le trĂŽne divin53. II. Les entorses au modĂšle cosmologique traditionnel hĂ©liocentrisme, univers infini, pluralitĂ© des mondes 14Il s’avĂ©rerait a priori contre-productif pour Hopil d’introduire des dissonances dans un ensemble aussi cohĂ©rent de motifs cosmologiques, car ils trouvent une forte unitĂ© autour d’un scĂ©nario dynamique d’ascension. Et pourtant, Ă  trop considĂ©rer le poĂšte au prisme du passĂ©, on finirait par oublier qu’il Ă©crit presque un siĂšcle aprĂšs le De Revolutionibus de Copernic Ă©crit Ă  partir des annĂ©es 1510, et publiĂ© en 1543, qu’il est un contemporain de Kepler, GalilĂ©e, Gassendi et Descartes. Comme Hopil est un laĂŻc issu du milieu de la bourgeoisie parisienne, sans doute bon latiniste, il n’est aucune raison de l’imaginer ignorant totalement les dĂ©bats cosmologiques de son temps, ou incapable de les intĂ©grer Ă  sa mĂ©ditation. L’hĂ©liocentrisme symbolique 54 DV, p. 24 JĂ©sus au centre de la cour cĂ©leste ; DV, p. 53 Dieu feu consumant qui tire l’étincelle ... 55 Le cercle ou la sphĂšre de la providence sont notamment prĂ©sents chez Camus et Bossuet. Voir Florent ... 15Nous avons montrĂ© que le sens obvie de toutes les Ɠuvres d’Hopil rĂ©vĂ©lait chez lui un univers gĂ©ocentrique, sans surprise aucune, notamment Ă  l’ñge des condamnations de GalilĂ©e 1616 et 1633. Pourtant, au sein des mĂ©ditations d’Hopil, la terre est en permanence dĂ©valorisĂ©e, tandis que le soleil divin apparaĂźt central. En effet, par opposition au centre physique et mortel » du monde visible qu’est la terre, le Dieu trinitaire est le vĂ©ritable centre, rĂ©el et ontologique, du cosmos invisible, ou bien de l’ñme54. Sa providence est reprĂ©sentĂ©e en particulier par l’image saisissante d’un Ɠil qui envisage tout depuis le centre de la sphĂšre des temps55, depuis le point immobile de l’éternitĂ©. 56 OC, fol. 57b. Et comme si nostre Ɠil estoit fixe au milieuD’un globe transparent, il pourroit de ce lieuLe contenu du rond voir d’une seule veuĂ« Ainsi le souverain qui tout sçait et tout voit,En son Ă©ternitĂ© tout ensemble apperçoitLes trois pieces du temps, d’une Ɠillade incognuĂ«56. 57 DV p. 86 l’ñme obscure Ă©toile adorant le soleil divin. 16Or, en mĂȘme temps qu’il est centre, le Dieu trinitaire est aussi lumiĂšre et soleil57; et tout ce qui gravite autour de lui dans l’hypercosmos, et en premier lieu les Anges, est nommĂ© monde ou Ă©toile. 58 DES, cant. 90, str. 7, p. 312. Je vois cent mille esprits les mystiques Étoiles,Adorant le Soleil qu’ils contemplent sans voiles,Ne le comprendre pas58. 59 P. de BĂ©rulle, Discours de l’état et des grandeurs de JĂ©sus, Ă©d. M. Join-Lambert et R. Lescot, ƒuvr ... 60 Florent libral, Le Soleil cachĂ©, premiĂšre partie Eudoxe contre GalilĂ©e ». 61 Fernand Hallyn, La structure poĂ©tique du monde Copernic, Kepler, Paris, Seuil, 1987, p. 50. 62 HĂ©lĂšne Tuzet, Le Cosmos et l’imagination, Paris, Corti, 1965, p. 27. 17On pourrait conclure de la concordance de ces deux rĂ©seaux d’images, le centre solaire et le firmament angĂ©lique, Ă  la reprise du modĂšle d’un cosmos clos construit autour d’un soleil central Ă  savoir, celui que dĂ©fendent prĂ©cisĂ©ment Nicolas Copernic et Ă  sa suite, Kepler et GalilĂ©e. Il ne faudrait pas croire qu’Hopil est isolĂ© dans cette opposition entre un gĂ©ocentrisme physique et un hĂ©liocentrisme symbolique. Pierre de BĂ©rulle, tout en dĂ©valorisant la thĂ©orie de Copernic, a esquissĂ©, dans un passage cĂ©lĂšbre des États de JĂ©sus, une rĂ©cupĂ©ration symbolique du soleil central pour exprimer sa propre version d’une spiritualitĂ© christocentique JĂ©sus, soleil des esprits, ne peut ĂȘtre qu’au centre de la vie spirituelle59. Cette Ɠuvre parut en 1623, soit quelques annĂ©es avant les Ɠuvres de maturitĂ© d’Hopil, moment oĂč la frĂ©quence de l’image solaire notamment dans les Divins eslancemens atteint parfois une rĂ©currence obsessionnelle, dans la poĂ©sie comme dans les sermons60. Ainsi, il faut croire que, lĂ  aussi, Hopil n’est pas original, et lit ou rĂ©cupĂšre simplement l’astronome polonais de la mĂȘme maniĂšre que les autres esprits religieux de son temps, selon une modalitĂ© de lecture inaugurĂ©e par l’épĂźtre liminaire d’Andreas Osiander Ă  l’édition du De Revolutionibus de 154361. Quant Ă  savoir comment une symbolique hĂ©liocentrique peut s’accorder avec une acceptation du gĂ©ocentrisme sur le plan physique, nous pensons qu’aucune rĂ©flexion n’est plus Ă©clairante Ă  ce sujet que celle d’HĂ©lĂšne Tuzet les hommes acceptant le cosmos ptolĂ©mĂ©en revu par le Moyen Âge devaient en effet se contenter d’un cosmos terro-, voire diablo-centrique ; il existait donc une certaine tension entre le symbole religieux et la rĂ©alitĂ© de la science. En ce sens, l’EmpyrĂ©e reprĂ©sentait, par opposition au cosmos visible, un monde parfait, oĂč la lumiĂšre divine de l’ĂȘtre se trouvait rĂ©tablie en sa centralitĂ© symbolique, alors que le soleil, image visible de la divinitĂ©, en Ă©tait privĂ©62. RĂ©fĂ©rences Ă  la pluralitĂ© des mondes et Ă  l’univers infini 63 PO, p. 9. 64 PO, p. 251. 18Si l’on donne assez facilement raison des affirmations d’allure hĂ©liocentrique sous la plume d’Hopil, il est en revanche un trait qui rĂ©siste plus Ă  l’analyse la dĂ©multiplication de l’image solaire. Ainsi dans le Parnasse des Odes, les Anges et les Ă©lus brillent plus que ne font mille soleils63 », de mĂȘme que le soleil divin plus que mille soleils luit64 » ; on lit Ă©galement dans les Divins eslancemens, Ă  propos du Christ 65 DES, cant. 59, str. 7, p. 229. Il est blanc et vermeil, la clartĂ© de sa faceDe dix mille soleils le teint brillant efface65. 66 Le Christ glorieux est dit de clartĂ© mille fois plus lumineuse que celle du Soleil » Guide spir ... 67 Par ex. Jean-Albert Belin, Les Emblemes eucharistiques, Paris, chez Pierre de Bresche, 1647, p. 202 ... 19On pourrait croire qu’il s’agit simplement d’hyperboles destinĂ©es Ă  exprimer la lumiĂšre aveuglante du divin, comme chez Puente66 ; mais cette interprĂ©tation est infirmĂ©e par deux Ă©lĂ©ments. D’abord, l’écrivain n’utilise pas le terme d’étoile, mais celui de soleil, c’est-Ă -dire d’un astre unique selon le livre de la GenĂšse 1, 14 et selon l’étymologie – plus signifiante qu’exacte – sol-solus donnĂ©e par maint prĂ©dicateur d’alors67 ; c’est donc bien qu’il multiplie le centre d’un systĂšme solaire, et non les lueurs Ă©parses de la sphĂšre des fixes. Cette pluralitĂ© d’astres laisse supposer une pluralitĂ© des mondes ; de fait, le poĂšte dĂ©cuple souvent le cosmos dans son ensemble 68 DES, cant. 17, str 1, p. 114. Cf. DES, cant. 64, str. 4, p. 242-243 Je voudrais qu’il y eĂ»t mi ... Que vois-tu dans ce vol ? plus que dix mille mondesSous trois noms est cachĂ©e une divinitĂ©68. 69 DĂ©glise, Au vol de la plume, Ă©voque la lecture de LucrĂšce par Hopil, p. 47 et 156. OM, fol. 49a, se ... 70 Nuccio Ordine, Giordano Bruno, Ronsard et la religion, prĂ©f. de J. CĂ©ard, Paris, Albin Michel, 2004 ... 20Hopil pouvait, en tant que latiniste, lire des dĂ©veloppements sur les mondes multiples dans le De rerum natura de LucrĂšce, dont les critiques ont soulignĂ© qu’il Ă©tait souvent imitĂ© de prĂšs par le poĂšte religieux, quelque surprenant que ce soit69. Se pourrait-il qu’Hopil souscrive Ă  la notion de la pluralitĂ© des mondes venue de l’AntiquitĂ© philosophique ? En thĂ©orie, c’est impossible, l’hypothĂšse ne correspondant pas Ă  l’enseignement de l’Église de son temps, et ayant Ă©tĂ© dĂ©fendue par le novateur Bruno, dont on connaĂźt les positions hostiles au christianisme et la volontĂ© de crĂ©er une religion naturelle et philosophique70. Hopil, quoique laĂŻc, affirme sa complĂšte obĂ©issance Ă  l’autoritĂ© de l’Église en toute chose pourquoi s’y opposerait-il sur ce point prĂ©cis ? 21Il y a plus Ă©trange encore. Outre la pluralitĂ© des mondes, les novateurs du xviie siĂšcle n’ont pas hĂ©sitĂ© Ă  avancer l’idĂ©e d’un univers infini, sans limites dans l’espace, en s’appuyant notamment sur les Ă©crits antiques, stoĂŻciens et Ă©picuriens, mais aussi sur Nicolas de Cuse. La lettre de Descartes Ă  Chanut est particuliĂšrement rĂ©vĂ©latrice Ă  ce propos, qui articule cosmologie et spĂ©culation thĂ©ologique 71 RenĂ© Descartes, ƒuvres, Ă©d. C. Adam et P. Tannery, Paris, Vrin, 1995 1903, vol. V, p. 50-58 en l ... Je me souviens que le Cardinal de Cusa & plusieurs autres docteurs ont supposĂ© le monde infiny, sans qu’ils ayent jamais estĂ© repris de l’Eglise pour ce sujet ; au contraire, on croit que c’est honorer Dieu que de faire concevoir ses Ɠuvres fort grands71. 22Or, Hopil semble Ă  son tour Ă©voquer l’infinitĂ© de l’univers dans certains passages. En effet, s’il est vrai que mĂȘme 10 000 soleils ne font pas un monde infini, on lit en revanche sous sa plume une expression sans ambiguĂŻtĂ© 72 DES, p. 115. Si fait, voyez un peu comme elle [l’ñme] vole encoreDans le cƓur de JĂ©sus beau monde illimitĂ©,De son humanitĂ© qu’en ce verbe elle adoreElle s’envole au sein de la DivinitĂ©72. 73 Sur le monde illimitĂ© de Nicolas de Cues Alexandre KoyrĂ©, Du monde clos Ă  l’Univers infini, Paris ... 74 DES, p. 319. 75 Jean-Joseph Surin, Cantiques spirituels de l’amour divin, Ă©d. B. Papasogli, Florence, Leo S. Olschk ... 23Cette notion d’un monde non proprement infini, mais sans limites73, Ă©voque les thĂ©ories de Nicolas de Cuse, auteur prĂ©sent en filigrane au sein des Ɠuvres d’Hopil Ă  travers l’expression docte ignorance », rĂ©currente dans Les Divins eslancemens, ou encore Ă  travers le motif de la coĂŻncidence des opposĂ©s, Hopil affirmant que le fini et l’infini sont un seul point74 ». On peut penser Ă  bon droit qu’à l’instar de Jean-Joseph Surin d’aprĂšs Benedetta Papasogli75, le Parisien renvoie sciemment Ă  l’univers infini. Dieu et les espaces imaginaires 76 DE, p. 168. Nicolas de Cues, De la docte ignorance [1440], l. II, ch. 12, trad. M. de Gandillac, Pa ... 77 OC, fol. 66b. 24En rĂ©alitĂ©, Ă  bien lire les textes, cette affirmation de la pluralitĂ© des mondes doit ĂȘtre remise en contexte sous peine de contresens grave. L’infini reste pour Hopil un attribut divin ; l’image de la sphĂšre dont le centre est partout, et la circonfĂ©rence nulle part, ne dĂ©signe pas chez lui comme chez le Cusain un univers sans limites, mais bel et bien Dieu seul, comme dans la tradition mĂ©diĂ©vale issue d’Alain de Lille76. Donc, Hopil n’affirme pas que l’univers est rĂ©ellement infini dans son extension spatiale, mais qu’il s’agit seulement d’une des voies qu’aurait pu choisir la toute-puissance divine. En effet, la multiplication des mondes est frĂ©quemment frappĂ©e d’irrĂ©alitĂ© par l’emploi du subjonctif. Ainsi lit-on dans les ƒuvres chrestiennes que Dieu eust faict plus de mille mondes77 », ou encore dans les Doux vols 78 DV, p. 50, c. 10 Que Dieu est cachĂ© » l’ombre dĂ©signe la vision indirecte de Dieu. Je ne changerais pas cette ombre salutaireEt ce brouillats divinPour cent mondes trĂšs beaux oĂč la lumiĂšre claireBrillĂąt sans nulle fin78. 25D’ailleurs, un passage des Divins eslancemens le suggĂšre probablement Dieu aurait pu crĂ©er les mondes multiples et parfaits, mais ils sont restĂ©s comme Ă  l’état d’ébauche dans le verbe divin 79 DES, cant. 10, str. 3, p. 94. Lui [Dieu] qui devant le monde est lui-mĂȘme son mondeContient au verbe aimĂ© mille mondes parfaits79. 80 DES, p. 153. Voir Summa contra Gentiles I, 66 d’aprĂšs J. PlantiĂ©. 26Ailleurs, il est dit par le poĂšte qui suit en cela Thomas d’Aquin que l’omniscience divine s’étend au rien » et au non-ĂȘtre », et ainsi peut-ĂȘtre par extension Ă  ces fameux mondes possibles ou impossibles80. Quelle peut ĂȘtre l’utilitĂ© de renvoyer au motif thĂ©ologique des espaces imaginaires, s’ils sont ainsi frappĂ©s d’une irrĂ©alitĂ© totale ? On comprend que Descartes et Gassendi les utilisent en un sens particulier pour concevoir une nouvelle cosmologie fondĂ©e sur un cosmos illimitĂ©, mais tel n’est pas le dessein de notre poĂšte. Il suit plutĂŽt certains thĂ©ologiens français de son temps qui se servent des espaces imaginaires pour Ă©voquer l’infinitĂ© divine. L’univers infini est pour de tels auteurs une hypothĂšse probablement invalidĂ©e sur le plan cosmologique, mais utile sur un plan thĂ©ologique ou mĂ©ditatif. À titre de comparaison, Yves de Paris Ă©crit postĂ©rieurement Ă  notre auteur, en 1640 81 Yves de Paris Capucin, La ThĂ©ologie naturelle, t. III Des perfections de Dieu, Paris, veuve Buo ... Et quand on dit qu’il [Dieu] est dans les espaces imaginaires, c’est dire qu’il est dans son infinitĂ©, par ce qu’on ne se sçauroit imaginer d’espaces si vastes et si estendus, qui ne soient comme un petit grain comparĂ© Ă  ce monde infiny de lumieres81. 27Quant Ă  Jean-Pierre Camus, il affirme dĂšs 1609, Ă  propos des merveilles cĂ©lestes du Paradis que nul Ɠil n’a vues, associant les espaces imaginaires et la docte ignorance » en une mĂȘme pĂ©riode 82 Jean-Pierre Camus, Les Diversitez, t. II, l. VI, ch. 6 De la gloire cĂ©leste », Paris, Claude C ... Ce sont des espaces imaginaires, des grandeurs indicibles, des quantitez innombrables, des qualitez immenses, des mers profondes, des abysmes inscrutables, des gouffres innavigables, des extrĂ©mitez qui passent de bien loing toute humaine capacitĂ©, et en fin il faut qu’ils aboutissent au port de cette salutaire ignorance de Socrate, qu’ils ne sçavent autre chose sinon qu’ils n’en sçavent rien [
]82. 83 Hopil, outre les espaces imaginaires, parle aussi du temps imaginaire pour Ă©voquer l’éternitĂ© PO, ... 28Il s’agit alors de mĂ©diter les espaces imaginaires83 pour se crĂ©er une idĂ©e – toujours imparfaite – des splendeurs invisibles. Mais la source directe d’Hopil semble ĂȘtre l’un de ses livres spirituels de prĂ©dilection, La Guide de Puente, qui Ă©voque prĂ©cisĂ©ment l’extension infinie » des perfections divines, Ă  savoir la maniĂšre dont elles surpassent infiniment les perfections de toutes les crĂ©atures du monde 84 Puente, La Guide spirituelle, trad. R. Gaultier, Paris, veuve G. de la NouĂ« et D. de la NouĂ«, 1612, ... De façon qu’autant qu’il y a de perfections respandues dans toutes les creatures du monde, et d’autres millions de mondes qui soient possibles, elles se trouvent toutes en Dieu d’une maniĂšre plus Ă©minente [
]84. 29Ces rĂ©flexions du xviie siĂšcle prennent peut-ĂȘtre leur source dans une suggestion de saint Thomas d’Aquin sur les espaces imaginaires 85 Thomas d’Aquin, ThĂ©ologie contenue dans sa Somme, Paris, F. Lambert, 1670, t. I, p. 63, qu. VIII ... Et supposĂ© qu’on voulust etablir des espaces imaginaires, et des lieux infinis entre ceux qui sont creĂ©z, il faudroit necessairement que Dieu fust partout, puis qu’il n’y a rien qui puisse posseder l’estre ni exister, que par la seule volontĂ© de Dieu85. 86 [
] etiam si ponerentur infinita praeter ista quae sunt, oporteret in omnibus esse Deum [
] http/ ... 87 PO, p. 244. 88 DE, p. 259-260. 89 Catherine de GĂȘnes, TraitĂ© du Purgatoire, ch. 6, prĂ©s. Y. de Boisredon et B. Peyrous, Paris, Éd. de ... 30Notons que cette traduction du xviie siĂšcle de la Somme thĂ©ologique, quoique postĂ©rieure Ă  Hopil, comporte un verbe au subjonctif comme le texte original latin86. Ainsi, cela supposerait que dans l’écriture religieuse, la perspective thĂ©ologique pourrait mener Ă  un certain usage, soigneusement dĂ©limitĂ© par la thĂ©ologie, de la fiction et du songe dans l’apprĂ©hension des choses spirituelles. De fait, Hopil imagine Ă  plusieurs reprises des mondes impossibles pour dire la transcendance divine un firmament qui brillerait sans Ă©toiles pour dire l’ñme sans Dieu, par exemple87 ; un monde oĂč le soleil n’éclairerait qu’un seul homme, pour dire la relation unique de Dieu Ă  chaque Ăąme88. Ces passages rappellent la maniĂšre dont le corpus mystique Ă©voque l’espace intĂ©rieur de l’ñme, par exemple lorsque Catherine de GĂȘnes, en un passage souvent repris par le parisien, imagine qu’il n’est qu’un seul pain au monde pour exprimer les souffrances du Purgatoire89. III. Le cosmos, miroir insuffisant du divin 31Le thĂšme de la pluralitĂ© des mondes et de l’univers infini sert donc Ă  mettre en Ă©vidence l’infinitĂ© de l’ĂȘtre divin. Ainsi, les rĂ©fĂ©rences aux diverses conceptions cosmologiques, anciennes ou nouvelles, sont Ă©galement frappĂ©es du sceau de l’insuffisance dans le dessein impossible que l’écriture d’Hopil se fixe dire le Dieu trin’un » et sa transcendance absolue relativement Ă  toute crĂ©ation, fĂ»t-ce des mondes multiples ou un univers infini imaginĂ© pour la circonstance, ou mĂȘme relativement Ă  l’excellence angĂ©lique. Mais n’y a-t-il pas lĂ  le risque de rendre le divin inaccessible, en contradiction latente avec la thĂ©ologie tridentine, qui insiste prĂ©cisĂ©ment sur l’importance de l’Incarnation et du sacrice christique ? Hopil rĂ©pond Ă  travers la mĂ©taphore filĂ©e du regard, et notamment de la vision indirecte, l’ñme Ă©tant amenĂ©e Ă  dĂ©laisser la contemplation de Dieu dans les divers miroirs successifs du cosmos, de l’hypercosmos, pour l’envisager dans celui du verbe. Le miroir insuffisant du cosmos visible 90 DES, p. 284 32Hopil l’affirme Ă  plusieurs reprises, le cosmos visible est dans son intĂ©gralitĂ© le lieu de la prĂ©sence divine, mais il ne saurait borner Dieu90. Cette limitation essentielle du cosmos se lit sous la forme de jeux de regard mĂ©taphoriques. Ainsi dans les Cantiques l’image de la tour du Liban sert Ă  91 DE, p. 352. nous faire entendre que l’ñme doit tousjours avoir les yeux de son entendement, et ses pensĂ©es et ses affections eslevĂ©es et tendues au paradis des dĂ©lices, qui est le vray Liban de l’éternitĂ© [
]91. 92 Pierre Hadot, N’oublie pas de vivre. Goethe et la tradition des exercices spirituels, Paris, A. Mic ... 93 DES, p. 86. 94 OC, fol. 126a. 95 DV, p. 93. 96 DES, p. 290 monde cĂ©leste ombre et atome ; OC, fol. 13b cosmos atome ; OC, fol. 91b toute la f ... 33Selon l’antique image de la skopia, tour de guet ou montagne Ă©levĂ©e92, le regard lancĂ© de la Terre vers l’EmpyrĂ©e se renverse en regard d’en haut sur la vanitĂ© de notre monde93. Mais l’insuffisance du cosmos se lit avant tout dans le caractĂšre dĂ©fectueux des analogies du divin qui en sont tirĂ©es, par exemple celle du soleil. Ainsi, par opposition au soleil matĂ©riel, Dieu est dit le vray soleil94 ». Dans les Doux Vols, Hopil corrige mĂȘme le Ps 18 dans la Vulgate In sole posuit tabernaculum suum, v. 6 le tabernacle divin n’est pas le soleil visible mais le soleil du soleil95 » cachĂ© dans l’EmpyrĂ©e. Ainsi, la nature apprend peu sur la Cause premiĂšre, en raison de la disproportion ontologique majeure entre le CrĂ©ateur et le créé, qui n’est qu’ atome », ombre » ou point » au regard de Dieu, selon des mĂ©taphores pointues chĂšres au poĂšte96. Car pour l’ñme assoiffĂ©e d’infini, Dieu ne semble ĂȘtre nulle part dans le monde sensible, Ă©crit Hopil en glosant le Cantique oĂč l’Épouse cherche vainement la trace de son Époux divin dans les espaces cĂ©lestes, en des accents presque pascaliens dĂ©jĂ  97 DE, p. 229. Nous pouvons dire aussi que l’espouse fait une recherche de l’espoux par les chemins, voyes et sentiers des vivans, par les voyes spacieuses de l’air, par la rĂ©gion Ă©thĂ©rĂ©e, et par les grandes places et campagnes cĂ©lestes, et dit qu’elle ne l’y a point trouvĂ©97. 98 Ibid. 34Ainsi, il se trouve ailleurs que dans le monde98 », et semble mĂȘme avoir dĂ©sertĂ© le firmament, si beau pourtant aux yeux des mortels 99 OC, fol. 51b. HĂ©las ! ou estois-tu lumiere inaccessibleJe contemplois les cieux, et ne te pouvois voir,Car l’homme est incapable, en ce monde visibleD’une flamme si pure, et d’un si haut savoir99. 100 OC, fol. 91 b. 101 Le Soleil cachĂ©, p. 22-26. 102 Guide spirituelle, III, 5, p. 364. 103 DES, p. 117 Cent mondes ne sont rien pour mon Ăąme sans vous. » 35En somme, un constat paradoxal se confirme au cours des annĂ©es mĂȘme dans les ƒuvres chrestiennes de 1604 qui faisaient du monde cĂ©leste le miroir de la splendeur divine, ce miroir est bien imparfait, voire un miroir racourcy100 ». Un monde clos ne saurait borner l’Absolu. Bien sĂ»r, il faut mettre ceci en perspective avec d’autres passages qui affirment l’immanence du divin dans le monde, mais l’expression exaspĂ©rĂ©e de la transcendance domine parfois chez Hopil. Sans doute Ă  son Ă©poque la pensĂ©e analogique, qui avait traversĂ© le Moyen Âge et toute une partie de la Renaissance, se trouve dans une crise durable, due aux bouleversements du savoir101. Mais surtout, selon Puente, si la premiĂšre marche de la contemplation consiste en la mĂ©ditation des crĂ©atures, la seconde rĂ©side dans leur dĂ©pouillement, propre Ă  la via negativa102. Et une des voies de la nĂ©gation serait peut-ĂȘtre l’illimitation un seul monde ne pouvant reprĂ©senter Dieu, dix mille n’en donnent-ils pas une idĂ©e un peu moins inexacte ? Mais mĂȘme tant de mondes ne fournissent pas la mesure de l’infini103
 De l’hypercosmos Ă  la fine pointe de l’ñme 104 Leonardus Lessius, De Summo bono, p. 517-518. 105 Des Noms divins, dans Les ƒuvres du divin St Denys, trad. J. Goulu, Paris, A. Taupinart, ... 106 DV, p. 126. 36On pourrait croire que l’hypercosmos, rĂ©sidence des crĂ©atures angĂ©liques, est davantage baignĂ© par la prĂ©sence divine Hopil, en accord avec les thĂ©ologiens de son temps, pense que Dieu est partout, mais qu’il a une prĂ©sence particuliĂšre aux cieux104. Reprenant Denys l’ArĂ©opagite105, Hopil indique que les anges, en particuliers les ChĂ©rubins et les SĂ©raphins, sont des miroirs d’excellence oĂč l’ñme contemple le divin, voire ceux qui entrouvrent Ă  l’ñme le voile du Sancta, ou encore de la tente divine106 ; ils sont mĂȘme un miroir plus rĂ©vĂ©lateur que celui du monde, ou de la foi 107 DES, cant. 11, str. 10, p. 98. Ce miroir est obscur, mais un Ange cĂ©lesteDans un plus beau miroir cet objet manifesteDe la Trin’UnitĂ©107. 108 PO, p. 60. 37Pourtant, l’ange lui-mĂȘme, en dĂ©pit de son excellence et de sa sollicitude pour l’ñme humaine, est encore une crĂ©ature et ne suffit pas Ă  la quĂȘte exaspĂ©rĂ©e de Dieu. D’abord parce que comparĂ© Ă  l’homme, l’Ange est inconcevablement supĂ©rieur, mais que face au divin, il n’est rien108. En outre, sur un plan subjectif, la connaissance de l’ange est encore imparfaite le SĂ©raphin lui-mĂȘme ne peut monter Ă  la montagne de la divine unitĂ© cachĂ©e derriĂšre la TrinitĂ© des personnes, si l’on en croit les Divins eslancemens. 109 DES, cant. 68, str. 10, p. 253. Voyez-vous sur un mont qui grandement surmonteLe mont le plus hautainLes trois qui ne sont qu’un, saint mont auquel ne monteMĂȘme le SĂ©raphin109 ? 110 Pierre de BĂ©rulle, L’élĂ©vation sur sainte Madeleine [1627], prĂ©s. J. Beaude, dans coll., Marie Made ... 38Ainsi, l’Ange lui-mĂȘme ne saurait s’élever jusqu’aux ultimes secrets de Dieu. Ce thĂšme rĂ©current est reliĂ© Ă  la figure de Marie-Madeleine. En 1629, Hopil renvoie Ă  l’épisode de son arrivĂ©e au Tombeau aprĂšs la rĂ©surrection, oĂč elle ne semble guĂšre prĂȘter attention aux envoyĂ©s divins ce que souligne Ă©galement dĂšs 1627 Pierre de BĂ©rulle dans son ÉlĂ©vation sur Marie-Madeleine110 111 DV, p. 117. Madeleine cherchant son Dieu, mĂ©prise mĂȘmeDes Anges le discours,Disant, avez-vous vu celui que mon cƓur aimeJĂ©sus-Christ mes amours111 ? 39MĂȘme, le poĂšte suggĂšre que ravie au Cieux pendant trente ans, depuis sa retraite Ă  la Sainte-Baume au dĂ©sert de Marseille », elle aime autant que le SĂ©raphin, et peut-ĂȘtre davantage. Il s’adresse Ă  elle en ces termes 112 DES, p. 100-101. Par les Anges sept fois le jour Ă©tant ravieAu chƓur des SĂ©raphins vous ne trouviez la vie,Mais dans la TrinitĂ©112. 113 BĂ©rulle, L’élĂ©vation sur sainte Madeleine, p. 62 quel degrĂ© entre les anges, entre les sĂ©raphi ... 114 C’est-Ă -dire, la personnalitĂ© littĂ©raire que se forge le poĂšte en Ă©crivant. 40Encore une fois, Hopil est trĂšs proche d’un passage de BĂ©rulle sur le mĂȘme sujet113. Or, quand il tente d’apprĂ©hender la transcendance divine par elle-mĂȘme, le sujet lyrique114 se trouve parfois conduit Ă  imiter cette indiffĂ©rence magdalĂ©enne 115 DV, p. 159, et aussi DV, p. 161 et DE, p. 159. Je n’aime pas la terre, et le Ciel mĂȘme et l’AngeMe sont indiffĂ©rents en tout temps et tout lieu115. 116 DES, p. 172. 117 Belin, La Conversation intĂ©rieure, p. 180. 118 Nous remercions vivement Anne-Elisabeth Spica des Ă©claircissements qu’elle nous a donnĂ©s sur ce poi ... 41En somme, Hopil insiste sur le caractĂšre finalement secret de l’essence divine d’oĂč l’image frappante du vol de Dieu surplombant toutes les crĂ©atures, y compris angĂ©liques116. D’aprĂšs la lecture allĂ©gorique du Cantique des Cantiques, c’est aussi l’image du roi se communiquant Ă  sa cour » cĂ©leste les Anges, puis se renfermant dans son cabinet », lieu de l’expĂ©rience mystique singuliĂšre de l’inconnaissance117. Ainsi, ce ne serait pas au sens propre l’hypercosmos qui serait le lieu de l’expĂ©rience spirituelle, mais l’ñme humaine elle-mĂȘme, dans le secret de sa relation intime au divin118. Toute image cosmique s’effacerait alors au profit de ce lieu mystĂ©rieux de l’intĂ©rioritĂ© humaine. Le Cantique XXII des Doux vols, intitulĂ© Du Cachot divin », en offre la confirmation. Ce cachot cĂ©leste » n’est pas encore le ciel, mais on y sent dĂ©jĂ  par anticipation la flamme du cĂ©leste sĂ©jour » Je vous vois sans vous voir, je ne vous vois encoreComme on vous voit aux Cieux,Mais au prix des mondains je vous vois et j’adoreD’un Ɠil mystĂ©rieux. 119 DV, p. 85-86. Quel est cet Ɠil divin ? Est-ce point la prunelleDe la cĂ©leste foi ?Ou le sommet de l’ñme oĂč mon Dieu se rĂ©vĂšlePour me tirer Ă  soi119 ? 120 La Nuit obscure, II, 17, trad. Marie du St-Sacrement, Ă©d. D. Poirot, Paris, Cerf, 2004, p. 1028. 121 Voir Bourgeois, ThĂ©ologies poĂ©tiques, p. 524 ; DĂ©glise, Au vol de la plume, p. 344 ; Mino Bergamo, ... 122 DE, p. 136 et 140. 42Il est donc un point oĂč l’expĂ©rience contemplative, atteignant Ă  l’ineffable, ne peut plus ĂȘtre exprimĂ©e elle-mĂȘme par une image issue de l’hypercosmos, mais simplement par le rapprochement synthĂ©tique opĂ©rĂ© par Hopil entre plusieurs vocables de la tradition mystique la cachette ou la retraite tĂ©nĂ©breuse latibulum de Dieu selon le Ps 17, 12 commentĂ© par Jean de la Croix120, le sommet de l’ñme » apex mentis de la mystique rhĂ©no-flamande121, ou encore, dans d’autres textes, le cabinet122 » de l’Époux dans le Cantique des Cantiques. C’est le lieu d’une union mystique, d’une vision sans vision qui n’est pas encore la vision bĂ©atifique comme on vous voit aux Cieux », mais qui surpasse dĂ©jĂ  infiniment l’aveuglement des mondains ». Le Verbe incarnĂ©, chemin vers la transcendance divine 123 DV, p. 46 et 48. 124 DV, p. 166 le vol ne parvient pas jusqu’à la TrinitĂ© ; p. 169 voler sans ailes ; DES, p. 252 Ăą ... 125 DV, p. 50 cachot » ; DV, p. 84 lumiĂšre et ombre mĂȘlĂ©es du cachot divin ; p. 85 cachot lumin ... 126 Lieu sans lieu DV, p. 144 ; DES, p. 93 PlantiĂ© renvoie dans la n. 66 aux Noms divins, Ă©d. J. Gou ... 127 DES, p. 94. 43Divers critiques n’ont cessĂ© en effet de souligner chez Hopil cet appel absolu de la transcendance et de l’abstraction, cette omniprĂ©sence de la thĂ©ologie nĂ©gative dans les Ɠuvres de la maturitĂ©. Hopil martĂšle que mĂȘme les plus grands voyants n’ont jamais vu Dieu123. L’autre image du lien entre l’ñme et Dieu, Ă  savoir le vol, est Ă©galement frappĂ©e par cette tendance nĂ©gatrice les ailes de l’ñme sont rognĂ©es ou dĂ©chirĂ©es Ă  l’approche de la transcendance divine124. Si les images du cachot125 et du cabinet pour dire le lieu de Dieu » ne sont sans doute pas Ă  prendre de maniĂšre littĂ©rale – Hopil affirmant par ailleurs avec saint Augustin que Dieu n’a pas de lieu propre, mais qu’il est partout, en un lieu sans lieu »126 – elles suggĂšrent en revanche la transcendance divine telle que l’esprit peut la concevoir, en-dehors de tout rapport avec le créé. Ainsi selon nous doivent ĂȘtre compris les Ă©noncĂ©s paradoxaux selon lesquels Dieu est lui-mĂȘme son monde127 », et qui rappellent certaines formulations de Pierre de BĂ©rulle 128 Pierre de BĂ©rulle, Discours, p. 233, disc. VI De la Communication de Dieu en ce mystĂšre » cit ... Et c’est imagination que de vouloir loger Dieu en des espaces imaginaires, sa grandeur mĂ©rite un meilleur sĂ©jour et rien n’est digne de lui-mĂȘme, et il est lui-mĂȘme Ă  soi-mĂȘme son lieu128. 129 Puente, Guide spirituelle, p. 367. 44On peut aussi penser Ă  Puente, appelant Ă  contempler Dieu tel qu’il Ă©tait avant la crĂ©ation du monde, estendu et diffus par des espaces infinis que nous imaginons, d’oĂč il pouvoit crĂ©er des mondes infinis129 ». En particulier, ce sur quoi bute principalement l’intelligence humaine dans sa perception du divin, c’est le paradoxe trinitaire, absolument indĂ©passable, sur lequel brodent les cent cantiques des Divins eslancemens en leur grandiose monotonie comment concevoir qu’un est trois, et que trois est un ? Les images issues du cosmos ne seraient alors plus alors d’aucune utilitĂ©. 130 Sans doute une influence de Puente, d’aprĂšs Bourgeois, ThĂ©ologies poĂ©tiques, p. 531. 45Il serait ainsi tentant de voir chez Hopil une spiritualitĂ© purement abstraite, en se fondant sur les seuls Divins eslancemens ; mais ces derniers, comme les autres recueils du poĂšte, en particulier les Douces extases et les Doux vols, permettent de nuancer ce point de vue par trop caricatural. Il apparaĂźt, Ă  lire ces Ɠuvres, que, si la contemplation par l’intelligence seule est sans issue en cette vie, la recherche amoureuse de Dieu130 aboutit Ă  une vision sans vision » Ă  travers le verbe 131 DV, p. 64. Cf. DE, Cantiques, p. 435. Je ne vois pas mon Dieu, ni ne dĂ©sire pasLe voir en sa lumiĂšre,Je le vois seulement dans un divin brouillatsPar la claire verriĂšreDe mon trĂšs cher Époux, ce verbe glorieuxIllumine mes yeux131. 132 PO, p. 65. Cf. DES, p. 135. Ce trĂšs-beau miroir supresmeOĂč je te vyEst ton humanitĂ© mesmeOĂč ravyMon cƓur ne pouvoit rien direQue Jesus,En respirant je l’admireEt ne suis plus132. 133 Florent Libral, Entre similitudes et mĂ©taphores. Amplification et optique dans la prĂ©dication en ... 134 DV, p. 72. 135 Puente, Expositio moralis in Canticum canticorum, Paris, Denys de la NoĂŒe, 1622, col. 1045 sq., l. ... 46Dans ces passages aussi divers que convergents, Hopil Ă©labore une optique du verbe incarnĂ©133 » qui renvoie autant aux sources bibliques notamment Hb 1, 3 qu’à une science qui passionne alors presque autant les esprits religieux que les scientifiques ; que ce soit par rĂ©flexion miroir ou rĂ©fraction verriĂšre, le verbe est le moyen de la vision indirecte du divin impossible sans lui. En un sens proche joue l’image de l’ñme Épouse qui s’endort au cĂŽtĂ© de l’Époux christique, absorbĂ©e dans la contemplation. Ce cĂŽtĂ© du Christ est le lieu mĂȘme de la vision134. Faisant Ă©cho Ă  Luis de la Puente, qui prĂ©cise nettement que le souvenir de l’humanitĂ© christique est prĂ©sent dans les Ă©tats les plus Ă©levĂ©s de la contemplation135 et Ă©voquant – sur ce point prĂ©cis – la spiritualitĂ© ibĂ©rique plutĂŽt que la tradition flamande, Hopil dĂ©crit dans un passage superbe des Douces extases commentant Ct 8, 5 la maniĂšre dont l’ñme termine son vol interrompu jusqu’au Paradis, non par ses propres forces, mais soutenue par le Christ 136 DE, p. 377. Regardez comme elle monte lĂ©gĂšrement au Ciel, pource qu’elle est appuyĂ©e sur JĂ©sus-Christ. Sans cela le cƓur lui faudroit en ce divin voyage. Elle est appuyĂ©e sur les mĂ©rites de son sang prĂ©cieux, sur les mĂ©rites de sa mort et de sa rĂ©surrection glorieuse136. 137 ME, p. 71. 138 DĂ©glise, Au vol de la plume, p. 82. 139 DES, p. 218. 140 DES, p. 188. 47On peut Ă©galement Ă©voquer l’image convergente de l’aigle divin qui achemine l’ñme au Ciel dans les MĂ©ditations137. MĂȘme dans Les Divins eslancemens, l’Ɠuvre qui semble apparemment la plus abstraite, et celle oĂč le nom du Christ incarnĂ© s’efface le plus souvent au profit de la deuxiĂšme personne de la TrinitĂ©138, le poĂšte prĂ©cise nettement que ce n’est que par l’Ɠil cristallin du verbe139 » que l’ñme peut espĂ©rer un jour voir son crĂ©ateur le verbe devient ainsi le pont de paradis reliant la Terre et le Ciel140. Ainsi, quand toute image cosmique ou hyper-cosmique dĂ©faut dans l’extase, c’est le corps du Christ lui-mĂȘme qui devient l’espace ouvrant Ă  la contemplation, comme le souligne justement Pierre Bruchez 141 Pierre Bruchez, D’ombre et de lumiĂšre
 La poĂ©sie de Claude Hopil parisien Suite », Échos de Sa ... La personne du Christ est parcourue comme un vivant espace gĂ©ographique oĂč l’ñme bĂątit, de son dĂ©sir d’éternitĂ©, une demeure de repos, d’un repos qui ne se confond pas avec l’absence pure et simple de mouvement, avec l’inertie ou la passivitĂ©141. 142 Du rien je m’achemine aux pieds de JĂ©sus-Christ, / Des pieds Ă  son cĂŽtĂ© oĂč je reçois l’esprit » ... 143 DE, p. 163. 144 Ap 8, 1 ; DES, cant. 8 et 21. Cf. Puente, Guide spirituelle, p. 340. 145 DV, cant. 17 ; puente, Guide spirituelle, 342. 48Il est souvent question, dans cette poĂ©sie rĂ©putĂ©e abstraite, de corps les pieds », le cĂŽtĂ© », le lit142 » du Christ. En particulier, le cĂŽtĂ© du Christ est identifiĂ©, dans les Douces extases, aux trous de la pierre » Ct 2, 14 oĂč niche l’ñme-colombe. Or il ne s’agit pas lĂ  d’une abstraction mĂ©taphysique, mais bien du costĂ© percĂ© du fer d’une lance143 » du crucifiĂ©. De ce flanc du Christ, l’ñme est alors conduite dans la contemplation ineffable et sans image, reprĂ©sentĂ©e par le silence d’une demi-heure144 » de l’Apocalypse ou encore le sommeil de l’ñme, figure de sa quiĂ©tude spirituelle145 ». Et Ă  bien lire l’ensemble des Ɠuvres du Parisien, le verbe incarnĂ© relie les quatre niveaux de rĂ©alitĂ© qu’évoque d’ordinaire Hopil prĂ©sent dans la TrinitĂ© monde archĂ©type, il a vĂ©cu sur Terre et y agit monde visible, est en mĂȘme temps le sacrificateur du Temple Ă©ternel monde cĂ©leste, et l’Époux qui s’adresse Ă  l’ñme en son cƓur, lui permettant d’entrevoir le mystĂšre trinitaire monde intĂ©rieur. En somme, le Christ incarnĂ© est la clĂ© de voĂ»te de la cosmologie et de la psychologie de l’auteur, le point unique par lequel s’ordonne l’anamorphose de tout ce qui est. ⁂ 49L’Ɠuvre d’Hopil, dĂ©routante par ses images multiples et polysĂ©miques, prĂ©sente de multiples chausses-trappes pour le lecteur. Hopil n’est pas tant un thĂ©ologien de mĂ©tier, qu’un poĂšte thĂ©ologien et biblique. Il est difficile de tirer des concepts prĂ©cis des mĂ©taphores pointues » telles que les affectionnait son temps, et nous ne prĂ©tendons point en avoir Ă©puisĂ© la richesse. Pourtant, cette Ă©tude met en Ă©vidence un fait important Hopil n’expose pas des conceptions cosmologiques, il les utilise poĂ©tiquement pour dĂ©crire par images interposĂ©es une expĂ©rience contemplative. Celle-ci part de la mĂ©ditation des crĂ©atures pour arriver Ă  la contemplation de la TrinitĂ© Ă  travers le verbe. En fait, l’écriture tire des images du cosmos, puis s’en dĂ©pouille ensuite dans une abstraction croissante. Dans un premier temps, l’ordre harmonique qui rĂšgne dans le cosmos clos et l’hypercosmos permet d’admirer la providence divine dans ses Ɠuvres. Pourtant, l’ñme doit ensuite, par la voie de la thĂ©ologie nĂ©gative, s’affranchir du monde pour saisir Dieu en lui-mĂȘme c’est ainsi que l’image du soleil et du cosmos est dĂ©multipliĂ©e, les mondes pluriels ou infinis permettant de se reprĂ©senter l’infinitĂ© divine. S’étant abstraite de toutes les crĂ©atures et initiĂ©e Ă  l’infini, l’ñme dĂ©couvre alors que les images cosmiques, de mĂȘme que leur nĂ©gation, ne peuvent percer le mystĂšre de la TrinitĂ©, qui va bien au-delĂ  de toute analogie créée et de toute comprĂ©hension rationnelle ; c’est alors qu’elle doit s’abandonner Ă  la quĂȘte amoureuse du Christ, qui seule ouvre la voie Ă  la parfaite contemplation, Ă  travers la grĂące de l’élection. La contemplation qui s’ensuit, absorbant l’ñme dans le mystĂšre trinitaire, est au contraire dĂ©nuĂ©e de toute image, et ne peut ĂȘtre signifiĂ©e que par le silence, le sommeil ou l’obscuritĂ© de ce cachot de l’ñme, ni le monde visible, ni le monde invisible ne peuvent plus fournir la moindre approximation. 146 DES, p. 115. 147 Belin, La Conversation intĂ©rieure, p. 181 Une nĂ©cessaire substitution doit donc se produire, c ... 50On voit que si la contemplation chez Hopil utilise la cosmologie pour dĂ©passer le cosmos, elle aboutit surtout Ă  faire du verbe incarnĂ© le lien entre le créé et l’incréé. Pour Hopil en effet, le cƓur du Christ est le monde illimitĂ©146 », le vĂ©ritable univers infini qui ouvre Ă  l’absolu. C’est sans doute pour cela qu’Hopil a des accents mystiques plus que thĂ©ologiques, supposant une primautĂ© de l’amour sur la connaissance rationnelle, en cette vie du moins147. Hopil annonce la dĂ©votion au cƓur de JĂ©sus, amenĂ©e Ă  se dĂ©velopper au cours du siĂšcle avec Marguerite-Marie Alacoque. Peut-ĂȘtre faut-il prolonger cette vue en Ă©tudiant de plus prĂšs l’empreinte des mystiques fĂ©minines lues par le poĂšte et qui dĂ©veloppent le thĂšme, comme Angela de Foligno ou encore Catherine de Sienne, sous l’égide de laquelle il met un important recueil. À cet abĂźme du cƓur divin rĂ©pond celui du cƓur humain, que mille mondes ne peuvent contenter 148 DES, cant. 12, str. 3, p. 99. Si j’avais dans mon cƓur tous les trois chƓurs des Anges,Tout ce rond Univers et cent mondes Ă©trangesMon cƓur dirait toujours HĂ©las ! de faim je meurs148. 51C’est dans ce vertige de la rencontre d’un amour divin et d’un dĂ©sir humain, que rĂ©side l’une des plus grandes beautĂ©s spirituelles de la poĂ©sie d’Hopil. Haut de page Annexe Liste des Ɠuvres de Claude Hopil et abrĂ©viations Les rĂ©fĂ©rences indiquĂ©es en notes renvoient Ă  l’édition originale de l’Ɠuvre, sauf pour ME et DE Ă©dition Peyroche d’Arnaud, DES Ă©dition PlantiĂ© et DV Ă©dition Streicher. OM Les ƒuvres chrestiennes de Claude Hopil Parisien, avec un Meslange de PoĂ«sie, Paris, Matthieu Guillemot, 1603. OC Les ƒuvres chrestiennes de Claude Hopil Parisien, Lyon, Thibaud Ancelin, 1604. ME MĂ©ditations sur le Cantique des Cantiques de Salomon, manuscrit autographe, circa 1620 collection privĂ©e.Édition critique de Guillaume Peyroche d’Arnaud, dans MĂ©ditations sur le Cantique des Cantiques. Les Douces extases de l’ñme spirituelle, GenĂšve, Droz, 2000. DE Les Douces Extases de l’ñme spirituelle, Paris, SĂ©bastien HurĂ©, critique de Guillaume Peyroche d’Arnaud, ibid. DES Les Divins Eslancemens d’amour, exprimĂ©s en cinquante cantiques spirituels composez en l’honneur de la tressaincte TrinitĂ©, Paris, SĂ©bastien HurĂ©, Divins Eslancemens d’amour, exprimĂ©s en cent cantiques spirituels faicts en l’honneur de la TrĂšs-saincte TrinitĂ©, Avec les Celestes Flammes de l’Espouse Saincte et Cantiques de la vie admirable de saincte Catherine de Sienne de l’Ordre S. Dominique, Paris, SĂ©bastien HurĂ©, critique de Jacqueline PlantiĂ©, Paris, Champion, critique de François Bouchet, Grenoble, JĂ©rĂŽme Millon, 2001. DV Les Doux vols de l’ñme amoureuse de JĂ©sus, exprimez en cinquante cantiques spirituels, Paris, Jean Jost, critique de FrĂ©dĂ©ric Streicher, Grenoble, JĂ©rĂŽme Millon, 2015. CV La Couronne de la Vierge Marie composĂ©e de douze Ă©toiles, Paris, SĂ©bastien HurĂ©, 1629. PO Le Parnasse des Odes, ou chansons spirituelles accomodĂ©es aux airs de ce temps, Paris, SĂ©bastien HurĂ©, 1633. Haut de page Notes 1 Lire notamment sur le poĂšte liste non exhaustive, limitĂ©e aux ouvrages post 1990 Anne Mantero, La Muse thĂ©ologienne 1629-1680, Berlin, Duncker und Humblot, 1995 ; MichĂšle clĂ©ment, Une poĂ©tique de crise poĂštes baroques et mystiques, Paris, Champion, 1996 ; Christian Belin, La Conversation intĂ©rieure. La mĂ©ditation en France au xviie siĂšcle, Paris, Champion, 2002, p. 173-186 ; Christophe Bourgeois, ThĂ©ologies poĂ©tiques de l’ñge baroque, Paris, Champion, 2006, p. 521-554. Surtout, consulter la belle monographie de Catherine DĂ©glise, Au vol de la plume. PoĂ©tique de Claude Hopil, Besançon, de Franche-ComtĂ©, 2008. Nous remercions chaleureusement Françoise Vinel et Isabel Irribaren d’accueillir ici les rĂ©sultats de cette enquĂȘte de longue haleine. 2 Voir l’annexe pour la liste des Ɠuvres de l’auteur et les abrĂ©viations utilisĂ©es pour les dĂ©signer. 3 Sur la question complexe des sources, lire la prĂ©cieuse introduction de Guillaume peyroche d’Arnaud Ă  son Ă©dition et DĂ©glise, Au vol de la plume, p. 65. Le prĂ©sent travail, plutĂŽt que de fournir une monographie sur les sources de la cosmologie du poĂšte, met en Ă©vidence sa cohĂ©rence interne, notamment au regard des sources bibliques. 4 DES, cant. 11, p. 96. 5 DES, p. 179 machine ronde » ; DES, p. 284 maison en voĂ»te. 6 ME, p. 45. 7 PO, p. 238. 8 DES, p. 257-258. 9 Gaston Bachelard, La formation de l’esprit scientifique, Paris, Vrin, 1977. 10 OC, fol. 49b. 11 OC, À son Luth, Ode XX, fol. 146b. 12 Florent Libral, Le Soleil cachĂ©. RhĂ©torique sacrĂ©e et optique au xviie siĂšcle en France, Paris, Classiques Garnier, 2016, p. 35. 13 Luis de la Puente, La Guide spirituelle, III, 4, Paris, Vve G. de La NouĂ« et D. de La NouĂ«, 1612 ; Robert Bellarmin, L’escalier spirituel portant Ă  Dieu par les marches des crĂ©atures, Lyon, P. Rigaud, 1616. 14 PO, p. 167 Ă©chelle des crĂ©atures. 15 DĂ©glise, Au vol de la plume, p. 108. 16 DES, cant. 80, str. 3, p. 284. 17 PO, p. 238. 18 DE, p. 446. 19 Ap 21, 1 ; DE, p. 445 ; DES, p. 11 ; cf. DES, p. 116. 20 Ap 22, 1 ; DES, p. 71 ; DE, p. 121 ; p. 447. 21 Ces eaux supĂ©rieures sont d’ailleurs diversement interprĂ©tĂ©es par Hopil, tantĂŽt comme le ciel cristallin englobant le monde OC, fol. 102a ce globe environnĂ© de l’onde », tantĂŽt comme renvoyant aux ChĂ©rubins par opposition aux SĂ©raphins, symbolisĂ©s par le feu DV, p. 77 et 154. 22 DE, p. 419. 23 OC, fol. 38b. DES, p. 290. 24 LĂ©onard Lessius, De Summo bono et aeterna beatitudine, Anvers, ex Officina Platiniana, 1616 ; Athanase Kircher, Iter extaticum cƓleste [1656], Ă©dition, scholies et prĂ©faces de G. Schott, WĂŒrzburg, Sumptibus Johannis Andreae Endteri et Wolfgangi junioris HĂŠredum, 1671. 25 Luis de la Puente, Guide spirituelle, p. 376 de la contemplation de Dieu Ăšs plus hautes Ɠuvres qu’il faict au ciel EmpyrĂ©e ». 26 On trouve pourtant dĂšs 1603 la pĂ©riphrase voulte flambante » qui pourrait y faire rĂ©fĂ©rence OM, fol 31a. 27 DV, p. 148 EmpyrĂ©e comme flamme amoureuse ; DE, p. 455 EmpyrĂ©e de l’amour, feu et dilection. 28 Nous renvoyons Ă  l’article d’Isabel Irribaren dans ce mĂȘme numĂ©ro. 29 Chambre de l’épouse DE, p. 289 ; 3e Ciel DES, p. 201. 30 DES, p. 195. 31 DES, p. 134. 32 DES, p. 151. 33 Lessius, De Summo bono, p. 527 
existimo, fore ibi aliquod corpus spirabile instar aĂ«r, et auram quandam caelestem
 ». DV, p. 67, Ă©voque l’air mystĂ©rieux ». 34 DES, p. 258. 35 DV, p. 106 Vierge. 36 DES, p. 227-228. 37 DV, p. 112 trĂŽne divin bordĂ© de nuages ; OC, fol. 25b trĂŽne dorĂ©, sans nuages ; DV, p. 127 TrĂŽne d’Or. 38 DES, p. 111 Dieu dans le char divin Ez 1, 4 ; 1, 29. 39 Claude Carozzi, Le Voyage de l’ñme dans l’au-delĂ  d’aprĂšs la littĂ©rature latine ve-xiiie siĂšcle, Roma, École Française de Rome, 1994. 40 Dans la vie de Catherine de Sienne par Raymond de Capoue trad. J. Blancone, Lyon, 1615, la contemplation est appelĂ©e arres du paradis » fol. 134b. DV, p. 40 l’esprit ignore s’il est au Ciel ou sur la Terre dans l’extase. DV, p. 73 le paradis est l’amour dĂ©vorant, dans lequel l’ñme se transporte par l’extase. 41 DE p. 454 le Paradis est aimer Dieu. DV, p. 110 JĂ©sus est le Paradis. 42 Jean Delumeau, Une histoire du Paradis, t. III Que reste-t-il du Paradis ?, Paris, Fayard, 2000, p. 332. 43 Francisco de Ribera Ă©d., Les ƒuvres spirituelles de la Mere Terese de Jesus, Paris, Denis Moreau, 1621, p. 109 Moradas ; p. 437 Vida vol de l’ñme. Puente, Guide spirituelle, p. 336 Ăąme passereau. François de Sales, TraitĂ© de l’amour de Dieu, l. X, ch. 5, prĂ©s. Lajeunie, Paris, Seuil, 1996, p. 213 Ăąme oiseau de Paradis. 44 Le Songe de Scipion, largement diffusĂ© Ă  travers son commentaire, inspire les voyages cĂ©lestes. Voir Thibaud Maus de Rolley, ÉlĂ©vations. L’écriture du voyage cĂ©leste Ă  la Renaissance, GenĂšve, Droz, 2011, p. 39 sq. 45 Franz Cumont, Lux perpetua, Turin, Nino Aragno, 2009. 46 OC, fol. 41b image complĂšte de l’ascension air, ciel, cristallin sĂ©jour ; DV, p. 113 ascension de ciel en ciel jusqu’au lieu obscur de Dieu. 47 DV, p. 113. 48 Voir en part. DES, p. 171, oĂč la progression n’est pas de l’ordre du vol mais de la simple mĂ©ditation Ă©lĂ©ments, astres, cieux, chĂ©rubins, sĂ©raphins
 49 GrĂ©goire De Nysse, Vie de MoĂŻse II, 162, Ă©d. J. DaniĂ©lou, Paris, Cerf, 2000, Sources chrĂ©tiennes », p. 211. L’Ɠuvre de ce PĂšre est alors diffusĂ©e notamment par l’édition bilingue grĂ©co-latine de F. Morel 2 vol. , Paris, Sonnius, 1615. Il est Ă©galement frĂ©quemment citĂ© par Puente. 50 DV, p. 106. 51 DE, p. 445 paradis comme terre de lait, d’eau et de miel. Voir CV, p. 149, oĂč les images du lait et du miel sont associĂ©es. 52 ME, p. 54 ; DE, p. 334. 53 La plupart des textes d’Hopil ne crĂ©ent pas de solution de continuitĂ© entre le cosmos et l’hypercosmos dans cette Ă©lĂ©vation progressive, trait qui renvoie sans doute Ă  des PĂšres comme GrĂ©goire de Nazianze, soucieux de combattre l’opposition extrĂȘme posĂ©e par les manichĂ©ens et les ariens entre le visible et l’invisible. Voir les extraits du poĂšme De la Providence reproduits par Anne Richard, dans Cosmologie et thĂ©ologie chez GrĂ©goire de Nazianze, Paris, Institut d’Études augustiniennes, 2003, p. 498. 54 DV, p. 24 JĂ©sus au centre de la cour cĂ©leste ; DV, p. 53 Dieu feu consumant qui tire l’étincelle de l’ñme dans son centre parfait » aprĂšs la mort. 55 Le cercle ou la sphĂšre de la providence sont notamment prĂ©sents chez Camus et Bossuet. Voir Florent Libral Les anamorphoses de Bossuet mises en perspective les prĂ©cĂ©dents d’un motif, et son Ă©volution », Revue Bossuet 7 2016, p. 25. 56 OC, fol. 57b. 57 DV p. 86 l’ñme obscure Ă©toile adorant le soleil divin. 58 DES, cant. 90, str. 7, p. 312. 59 P. de BĂ©rulle, Discours de l’état et des grandeurs de JĂ©sus, Ă©d. M. Join-Lambert et R. Lescot, ƒuvres complĂštes, t. VII [vol. III/1 selon la page de titre], Paris, Oratoire de JĂ©sus, 1996, p. 85. 60 Florent libral, Le Soleil cachĂ©, premiĂšre partie Eudoxe contre GalilĂ©e ». 61 Fernand Hallyn, La structure poĂ©tique du monde Copernic, Kepler, Paris, Seuil, 1987, p. 50. 62 HĂ©lĂšne Tuzet, Le Cosmos et l’imagination, Paris, Corti, 1965, p. 27. 63 PO, p. 9. 64 PO, p. 251. 65 DES, cant. 59, str. 7, p. 229. 66 Le Christ glorieux est dit de clartĂ© mille fois plus lumineuse que celle du Soleil » Guide spirituelle, p. 329. 67 Par ex. Jean-Albert Belin, Les Emblemes eucharistiques, Paris, chez Pierre de Bresche, 1647, p. 202 Sol, quasi solus lucens ». 68 DES, cant. 17, str 1, p. 114. Cf. DES, cant. 64, str. 4, p. 242-243 Je voudrais qu’il y eĂ»t mille mondes encore. » 69 DĂ©glise, Au vol de la plume, Ă©voque la lecture de LucrĂšce par Hopil, p. 47 et 156. OM, fol. 49a, semble réécrire directement le Suave mari magno. 70 Nuccio Ordine, Giordano Bruno, Ronsard et la religion, prĂ©f. de J. CĂ©ard, Paris, Albin Michel, 2004, p. 257. 71 RenĂ© Descartes, ƒuvres, Ă©d. C. Adam et P. Tannery, Paris, Vrin, 1995 1903, vol. V, p. 50-58 en l’occ. p. 51. 72 DES, p. 115. 73 Sur le monde illimitĂ© de Nicolas de Cues Alexandre KoyrĂ©, Du monde clos Ă  l’Univers infini, Paris, Gallimard, rééd. 2005, p. 24. 74 DES, p. 319. 75 Jean-Joseph Surin, Cantiques spirituels de l’amour divin, Ă©d. B. Papasogli, Florence, Leo S. Olschki, 1996, p. 97. 76 DE, p. 168. Nicolas de Cues, De la docte ignorance [1440], l. II, ch. 12, trad. M. de Gandillac, Paris, Aubier, 1942, p. 134. 77 OC, fol. 66b. 78 DV, p. 50, c. 10 Que Dieu est cachĂ© » l’ombre dĂ©signe la vision indirecte de Dieu. 79 DES, cant. 10, str. 3, p. 94. 80 DES, p. 153. Voir Summa contra Gentiles I, 66 d’aprĂšs J. PlantiĂ©. 81 Yves de Paris Capucin, La ThĂ©ologie naturelle, t. III Des perfections de Dieu, Paris, veuve Buon, 1640, p. 96. 82 Jean-Pierre Camus, Les Diversitez, t. II, l. VI, ch. 6 De la gloire cĂ©leste », Paris, Claude Chappelet, 1612, fol. 113v. 83 Hopil, outre les espaces imaginaires, parle aussi du temps imaginaire pour Ă©voquer l’éternitĂ© PO, p. 276 10 000 jours comparĂ©s Ă  un jour dans le ciel. 84 Puente, La Guide spirituelle, trad. R. Gaultier, Paris, veuve G. de la NouĂ« et D. de la NouĂ«, 1612, p. 379 nous soulignons. 85 Thomas d’Aquin, ThĂ©ologie contenue dans sa Somme, Paris, F. Lambert, 1670, t. I, p. 63, qu. VIII De l’existence de Dieu ». Cf. Somme thĂ©ologique, Paris, Cerf, 2004, t. I, p. 205, qu. 8, art. 4. 86 [
] etiam si ponerentur infinita praeter ista quae sunt, oporteret in omnibus esse Deum [
] 87 PO, p. 244. 88 DE, p. 259-260. 89 Catherine de GĂȘnes, TraitĂ© du Purgatoire, ch. 6, prĂ©s. Y. de Boisredon et B. Peyrous, Paris, Éd. de l’Emmanuel, 2012, p. 38. 90. DES, p. 284. 90 DES, p. 284 91 DE, p. 352. 92 Pierre Hadot, N’oublie pas de vivre. Goethe et la tradition des exercices spirituels, Paris, A. Michel, 2008, ch. 2, p. 87 sq. 93 DES, p. 86. 94 OC, fol. 126a. 95 DV, p. 93. 96 DES, p. 290 monde cĂ©leste ombre et atome ; OC, fol. 13b cosmos atome ; OC, fol. 91b toute la fabrique du monde n’est qu’un point. 97 DE, p. 229. 98 Ibid. 99 OC, fol. 51b. 100 OC, fol. 91 b. 101 Le Soleil cachĂ©, p. 22-26. 102 Guide spirituelle, III, 5, p. 364. 103 DES, p. 117 Cent mondes ne sont rien pour mon Ăąme sans vous. » 104 Leonardus Lessius, De Summo bono, p. 517-518. 105 Des Noms divins, dans Les ƒuvres du divin St Denys, trad. J. Goulu, Paris, A. Taupinart, 1629, p. 402-403. 106 DV, p. 126. 107 DES, cant. 11, str. 10, p. 98. 108 PO, p. 60. 109 DES, cant. 68, str. 10, p. 253. 110 Pierre de BĂ©rulle, L’élĂ©vation sur sainte Madeleine [1627], prĂ©s. J. Beaude, dans coll., Marie Madeleine, Grenoble, JĂ©rĂŽme Million, 2016, p. 46. 111 DV, p. 117. 112 DES, p. 100-101. 113 BĂ©rulle, L’élĂ©vation sur sainte Madeleine, p. 62 quel degrĂ© entre les anges, entre les sĂ©raphins, et par-dessus les sĂ©raphins mĂȘmes, aurez-vous acquis en trente ans [
] ». 114 C’est-Ă -dire, la personnalitĂ© littĂ©raire que se forge le poĂšte en Ă©crivant. 115 DV, p. 159, et aussi DV, p. 161 et DE, p. 159. 116 DES, p. 172. 117 Belin, La Conversation intĂ©rieure, p. 180. 118 Nous remercions vivement Anne-Elisabeth Spica des Ă©claircissements qu’elle nous a donnĂ©s sur ce point difficile. 119 DV, p. 85-86. 120 La Nuit obscure, II, 17, trad. Marie du St-Sacrement, Ă©d. D. Poirot, Paris, Cerf, 2004, p. 1028. 121 Voir Bourgeois, ThĂ©ologies poĂ©tiques, p. 524 ; DĂ©glise, Au vol de la plume, p. 344 ; Mino Bergamo, L’anatomia dell’anima da F. de Sales a Fenelon, Bologna, Il Mulino, 1991, p. 29 sq. 122 DE, p. 136 et 140. 123 DV, p. 46 et 48. 124 DV, p. 166 le vol ne parvient pas jusqu’à la TrinitĂ© ; p. 169 voler sans ailes ; DES, p. 252 Ăąme Icare, cf. OC, fol. 8b, OC, fol. 56a ; DES, p. 104 le vol de l’ñme ne parvient pas Ă  l’ĂȘtre sur-cĂ©leste ; p. 82 Dieu visible lĂ  oĂč le vol de l’ñme se termine. 125 DV, p. 50 cachot » ; DV, p. 84 lumiĂšre et ombre mĂȘlĂ©es du cachot divin ; p. 85 cachot lumineux derriĂšre le brouillard glorieux ; p. 86 cachot de la simple unitĂ© ; DES, p. 169 Dieu en son cachot. Sur le cachot, lire Belin, La Conversation intĂ©rieure, p. 174 sur l’abstraction de Dieu et p. 175 influence de J. de la Croix. 126 Lieu sans lieu DV, p. 144 ; DES, p. 93 PlantiĂ© renvoie dans la n. 66 aux Noms divins, Ă©d. J. Goulu, fol. 230. Dieu immensitĂ© sans lieu DES p. 90, PlantiĂ© renvoyant Ă  saint Augustin, De Trinitate, V, I, 2 sine loco ubique totum ». 127 DES, p. 94. 128 Pierre de BĂ©rulle, Discours, p. 233, disc. VI De la Communication de Dieu en ce mystĂšre » citant le Contra Praxeam de Tertullien, ch. 5 Ante omnia Deus erat solus. 129 Puente, Guide spirituelle, p. 367. 130 Sans doute une influence de Puente, d’aprĂšs Bourgeois, ThĂ©ologies poĂ©tiques, p. 531. 131 DV, p. 64. Cf. DE, Cantiques, p. 435. 132 PO, p. 65. Cf. DES, p. 135. 133 Florent Libral, Entre similitudes et mĂ©taphores. Amplification et optique dans la prĂ©dication en France v. 1600-1670 », dans StĂ©phane MacĂ© Ă©d., Sur l’amplification Exercices de rhĂ©torique 4 [2014] ; 134 DV, p. 72. 135 Puente, Expositio moralis in Canticum canticorum, Paris, Denys de la NoĂŒe, 1622, col. 1045 sq., l. X, exhortatio 4 Mysteria humanitatis Christi non excludi a mystico somno, et suprema contemplatione » ; s’appuyant sur le Cantique qui Ă©voque l’Épouse dormant aux cĂŽtĂ©s du Christ, Puente prĂ©cise intolerabilem esse errorem eorum qui a perfecta contemplatione rejicendam esse putant omnem memoriam Christi Domini qua homo est [
]. » 136 DE, p. 377. 137 ME, p. 71. 138 DĂ©glise, Au vol de la plume, p. 82. 139 DES, p. 218. 140 DES, p. 188. 141 Pierre Bruchez, D’ombre et de lumiĂšre
 La poĂ©sie de Claude Hopil parisien Suite », Échos de Saint-Maurice 70 1974, p. 103 disponible sur 142 Du rien je m’achemine aux pieds de JĂ©sus-Christ, / Des pieds Ă  son cĂŽtĂ© oĂč je reçois l’esprit » DES, cant. 30, str. 9, p. 151. 143 DE, p. 163. 144 Ap 8, 1 ; DES, cant. 8 et 21. Cf. Puente, Guide spirituelle, p. 340. 145 DV, cant. 17 ; puente, Guide spirituelle, 342. 146 DES, p. 115. 147 Belin, La Conversation intĂ©rieure, p. 181 Une nĂ©cessaire substitution doit donc se produire, celle de l’amour Ă  l’intelligence. » 148 DES, cant. 12, str. 3, p. de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Florent Libral, Dix mille soleils ». Cosmos et contemplation dans l’Ɠuvre de Claude Hopil 1585 ?-1633 ? », Revue des sciences religieuses, 91/2 2017, 227-250. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Florent Libral, Dix mille soleils ». Cosmos et contemplation dans l’Ɠuvre de Claude Hopil 1585 ?-1633 ? », Revue des sciences religieuses [En ligne], 91/2 2017, mis en ligne le 01 janvier 2019, consultĂ© le 30 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page

une etoile de plus dans le ciel poeme